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Vaincre sa peur et avancer

November 24, 2022

Par Dan McKinney

J’ai débuté la pratique du bouddhisme de Nichiren Daishonin quand j’étais adolescent dans la région de la Baie de San Francisco, au cours des années 80. C’était l’endroit idéal pour déployer l’énergie propre à mon jeune âge et échapper quelque peu à l’anxiété qui me rongeait en raison des circonstances familiales que je traversais à l’époque. Mon père avait reçu un diagnostic de cancer agressif du cerveau, et les médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre. À ce moment-là, j'ai épanché tous mes doutes, ma frustration et ma colère concernant sa maladie dans la prière bouddhique et les activités orchestrées par la SGI. Tel que nos aînés dans la foi bouddhique nous le rappelaient souvent : « N’abandonnez jamais, quoi qu’il arrive! » Cela semblait résumer ma vie à cette époque. Je ne pouvais me faire à l’idée de perdre mon père. Et pourtant, à la grande surprise de ses médecins, il a prolongé son existence de seize ans avant de nous quitter en 2002. C’était comme un miracle et une première leçon du pouvoir de Nam-myoho-renge-kyo*, mais cette expérience a aussi mis en évidence ma propre obscurité fondamentale. La lutte de mon père pour sa vie, associée à l’appréhension que je ressentais face à l’éventualité qu’il meure, a fait surgir en moi une peur extrême du changement. C’était comme si j’essayais de refouler l’irréversible marche du temps et ses inévitables conséquences.

Dan et son père à leur domicile de San Jose, Californie, en 1990.

Cette tendance, qui consistait chez moi à éviter tout ce qui pouvait entraîner des changements importants, m’a suivi comme un spectre, voire un doute profond quant à ma capacité de résilience. Pouvais-je m'épanouir en dépit d'une grande perte ou d'un important bouleversement dans ma vie ? Avais-je les aptitudes nécessaires pour transformer une épreuve en tremplin de développement et m’ouvrir à de nouveaux horizons? Ces questions semblaient faciles à résoudre en théorie mais, au fond de moi, j’avais toujours peur de l’avenir.                                                       

En 1993, Daisaku Ikeda, le président de la SGI, a visité San Francisco, et j’ai eu la chance de le rencontrer. Il nous a alors dit ceci :

« La vie est une lutte. Se confronter à la réalité est un combat. Nichiren Daishonin nous enseigne que le but du bouddhisme consiste à remporter la victoire, il nous exhorte à être victorieux. Adopter la Loi merveilleuse, c’est se saisir du sabre de la victoire. Nous pouvons tout surmonter. Nous pouvons vaincre et profiter de la vie. Une "personne qui possède la foi" est une "personne victorieuse".»1 

Pour moi, la victoire avait toujours été synonyme de maintenir les choses telles quelles, mais j’ai réalisé qu’il me fallait voir plus loin si je voulais véritablement gagner. Si la vie équivalait à un processus de changements constants, ceux-ci ne devaient pas devenir juste une source perpétuelle d’angoisse; je devais donc acquérir la confiance nécessaire pour tout transformer en opportunités et en victoires.

En 2007, ma partenaire et moi avons décidé de quitter les États-Unis pour nous établir au Canada. Ce changement d’une grande ampleur activait tous mes boutons de panique. Nous voulions que nos jeunes enfants puissent fréquenter de meilleures écoles, avoir plus d’espace, et nous rapprocher de nos racines canadiennes. Bien que terrifié à l’idée de laisser tout ce que je connaissais derrière moi, j’ai rapidement été séduit par notre nouveau « chez-nous », par l’éblouissant paysage des montagnes et des côtes de la Colombie-Britannique, et ses habitants si accueillants. Toutefois, je devais aussi faire face à de sérieux défis professionnels. Sans aucune référence à mon arrivée, je n’avais pratiquement aucun contact.

Heureusement, la bonne fortune que j’avais accumulée tout au long de mes années de pratique bouddhique m’a aidé à traverser cette période de transition incertaine. Grâce à une série de rencontres inattendues, j’ai été invité à présenter un exposé portant sur la « vidéographie » dans une classe de journalisme à l’Université de Colombie-Britannique (UBC). J’ai découvert que j’avais un don pour l’enseignement, et que je préférais ce genre de travail à tout ce que j’avais fait dans le passé. L’école n’a pas tardé à démarrer un programme de reportages internationaux. On  m’a offert de diriger divers groupes d’étudiants lors de la réalisation de reportages dans le monde entier. Notre classe a remporté de nombreux prix, dont l’Emmy 2010 pour la meilleure production dans la catégorie « Journalisme exceptionnel d’investigation » pour notre documentaire intitulé : Ghana: Digital Dumping Ground 2, une vidéo qui dénonçait les déversements de déchets électroniques au Ghana3. Toutes ces nouvelles possibilités dépassaient tout ce que j’avais pu imaginer lorsque j’avais bouclé mes valises pour le Canada trois ans auparavant.

Dan (1er à partir de la gauche) lors d’un voyage de formation avec sa classe à Cali, en Colombie, en 2016.

Malheureusement, après dix merveilleuses années passées à l’Université de Colombie-Britannique, cette voie s’est tout d’un coup refermée. On ne m’a pas accordé le poste qui m’aurait permis de devenir permanent, un emploi pour lequel j’avais énormément œuvré. J’avais l’impression de me retrouver dans une impasse, mais je craignais de l’admettre. C’est alors qu’est survenu le confinement dû à la Covid-19 qui a stoppé net tous mes travaux. Étant dans l’impossibilité de rencontrer mes étudiants(es), je ne pouvais plus poursuivre mes classes. Cela a été un coup très dur à encaisser. Depuis plus de dix ans, c’était là mon emploi et ma communauté. Avec le confinement, tout s’envolait en fumée du jour au lendemain. J’étais envahi par la peur. Qu’adviendrait-il à la suite de ce changement? Mes démons du passé refaisaient surface. J’ai pensé que les meilleurs moments de ma vie — mes cours et mes travaux documentaires — étaient peut-être révolus. Ma tendance à m’apitoyer sur le passé se manifestait encore une fois. C’était comme si j’essayais de conduire en fixant uniquement le rétroviseur, et cette mentalité de retour en arrière m'empêchait de me concentrer sur la route à suivre.

Lors du même discours donné à San Francisco en 1993, M. Ikeda avait affirmé :

« Ne pas avancer équivaut à battre en retraite. Cela est valable non seulement dans la foi, mais aussi dans l’étude, le travail ainsi que tous les domaines de la vie. Vivre, c’est aller de l’avant et progresser sur tous les fronts. Si vous renoncez à avancer, cela signifie que vous vous retirez de la vie elle-même. »4

J’ai donc commencé à prier dans le but de trouver un poste régulier dans mon domaine, sans autre idée préconçue. Tout cela demeurait flou, mais je devais aller de l’avant d’une manière ou d’une autre. Du même coup, j’ai commencé à contacter d’anciens élèves. Je voulais savoir comment ils affrontaient les défis liés à la pandémie. L’un d’entre eux m’a mentionné qu’il travaillait sur une émission de téléréalité pour Discovery Channel. La station était d’ailleurs à la recherche de nouveaux employés pour des postes de directeurs et de cinématographes sur le terrain. Il s’est avéré qu’un grand nombre de mes anciens étudiants travaillaient pour cette chaîne, et ils ont été ravis de recommander ma candidature. J’ai été embauché sur le champ. Peut-être que le changement deviendrait concrètement mon allié cette fois-ci et non pas un ennemi. J’ai donc lâché prise, et je me suis laissé guider vers une percée.

Le travail était néanmoins intense et exigeait de moi que je conduise le long des cols enneigés des montagnes de la Colombie-Britannique afin de filmer les prouesses de secouristes pour l’émission de téléréalité, Highway Thru Hell 5. J'avais l'impression d'être un stagiaire qui apprenait auprès de personnes incroyablement talentueuses et expérimentées dans le domaine des médias.  C’était une leçon d’humilité, mais un emploi très gratifiant. À nouveau, en utilisant le pouvoir du Daimoku*, j’allais de l’avant d’une manière que je n’aurais jamais pu prédire ou anticiper. Puis, à l’automne 2021, j’ai été promu directeur de terrain à plein temps.

Dan, en 2019, travaillant sur l’émission de téléréalité Highway Thru Hell (La Route de l’enfer).

Le processus par lequel j’ai surmonté ma peur de m’ouvrir à l’avenir, tout en faisant confiance à la résilience dont j’étais capable en toutes circonstances, a été long et parfois tumultueux. Ma pratique bouddhique m’a cependant permis de faire face aux angoisses et aux changements plutôt que de les fuir. Tout au cours d'une année de pandémie qui fut inédite et difficile à bien des égards,  je suis reconnaissant envers Nam-myoho-renge-kyo* et les membres de la communauté de la SGI qui n’ont jamais cessé de m’inspirer pour que j’avance et développe ma vie au-delà de toute limite. De réussir enfin à voir les obstacles comme autant d’ouvertures vers de nouvelles possibilités constitue en effet un immense cadeau. Il s’agit de l’authentique bienfait de ma révolution humaine! 

Je termine en citant à nouveau le président Ikeda :

« Nous pratiquons le bouddhisme pour réaliser nos prières, pour que nos rêves deviennent réalité, et pour parvenir au plus grand bonheur possible. L’objectif du bouddhisme de Nichiren est de nous permettre de remporter la victoire. »6 

NDLR : Pour plus d’informations concernant l’excellent documentaire Ghana: Digital Dumping Ground : https://www.pbs.org/frontlineworld/stories/ghana804/video/video_index.html

Publié en octobre 2022 ère nouvelle   

_____________________

1 L'essence du bouddhisme de Nichiren Daishonin consiste à faire notre « révolution humaine ». Cette expression, inventée par Josei Toda, deuxième président fondateur de la Soka Gakkai, décrit le processus de transformation intérieure réalisé par une personne qui s’engage sur la voie bouddhique. La révolution humaine consiste donc à transformer notre propre vie au niveau le plus profond. Cela implique d’identifier et de défier nos tendances négatives et destructrices et de mettre à profit et renforcer nos qualités. La révolution humaine consiste, sur la base de la pratique bouddhique, à défier les circonstances extérieures, tout en se libérant des vues et attachements étroits de notre « petit ego », afin de se construire un bonheur inaltérable. En d’autres termes, il s’agit du plus grand développement humain que l'on puisse accomplir – la réalisation du « grand Soi » – c’est-à-dire l'éveil de la sagesse, de la compassion et du courage nécessaires à notre développement en tant qu’être humain. Tel est l’objectif fondamental de la pratique bouddhique de Nichiren Daishonin.

2 « La clé pour résoudre les problèmes fondamentaux de l’humanité », discours prononcé par le président Ikeda à l’occasion de la première réunion générale de la Jeunesse de la SGI-USA qui s’est tenue au Centre culturel de San Francisco, en Californie, en 1993. Mes chers amis d’Amérique : recueil de discours prononcés aux États-Unis entre 1990 et 1996, p. 295. 

2 Traduction libre : Ghana : le dépotoir digital. 

3 www.pbs.org/frontlineworld/stories/ghana804

4 Traduction libre. Ibid, Mes chers amis d’Amérique : recueil de discours prononcés aux États-Unis entre 1990 et 1996, p. 276. 

5 Highway Thru Hell (La Route de l’enfer) est une émission de téléréalité canadienne qui a débuté sur Discovery Channel le 4 septembre 2012. 

6 Traduction libre. Daisaku Ikeda, Buddhism Day by Day, Wisdom for Modern Life, p. 30. 

 * Consulter le glossaire en troisième de couverture.