Aucun signe de stagnation
Par Nabomita Das
Récemment, j’ai dû faire face à divers défis dans les quatre principaux aspects de mon existence : c’est-à-dire des problèmes d’ordre financier, professionnel, familial et de santé. Pourtant, loin de me décourager, ces mésaventures m’ont permis de réaliser tout le chemin que j’avais parcouru dans ma compréhension de la pratique bouddhique et du potentiel qu’elle recèle. Daisaku Ikeda[1] a écrit :
« La vie est une lutte perpétuelle pour sortir de l’impasse. Tant que nous sommes vivants et continuons de nous lancer des défis, nous serons inévitablement confrontés à des obstacles qui devront être surmontés. Si la vie était un long fleuve tranquille, et si nous ne faisions pas face à des difficultés, cela serait, en soi, un signe de stagnation. »[2]
En 2016, j’ai quitté l’Inde pour m’installer aux États-Unis et, malgré plusieurs années d’expérience professionnelle dans mon pays d’origine, j’ai eu du mal à trouver un travail satisfaisant, à la fois financièrement et professionnellement, dans les domaines du design et du marketing. J’ai postulé à beaucoup d’emplois et essuyé moult refus. Très souvent, j’ai souhaité baisser les bras mais, à chaque fois, j’ai renouvelé ma décision de transformer ma situation en me fondant sur ma foi en la Loi merveilleuse. Je me suis fixé des objectifs limpides et j’ai participé à de multiples activités au sein de la Soka Gakkai Internationale (SGI). J’ai aussi entrepris de lire les écrits de Nichiren Daishonin et ceux du président Ikeda, et déployé des efforts sincères pour transmettre ce bouddhisme autour de moi.
Ma pratique bouddhique m’a fait réaliser que mon désir consistait à exercer un travail inspirant qui m’inciterait à devenir une experte accomplie dans ma spécialité et me permettrait de contribuer au bien-être de ma famille et de la société, tout en progressant dans mes activités en faveur de kosen rufu. Cela n’a pas été chose facile que d’acquérir un poste intégrant les valeurs de beauté, gain et bonté[3], mais j’ai fait de mon mieux pour ne pas me laisser abattre et saisir toutes les occasions qui m’étaient offertes, animée d’un profond sentiment de gratitude. Plusieurs personnes ont douté de moi, allant même jusqu’à suggérer que mes objectifs étaient irréalisables et mes attentes trop élevées. Bien que ces sentiments m’aient rendue nerveuse, j’ai gardé espoir malgré la frustration, et mis en application les encouragements prodigués par mes compagnons bouddhiques en solidifiant ma croyance en Nam-myoho-renge-kyo. Le 18 novembre 2020, date de la fondation de la Soka Gakkai, j’ai passé une entrevue avec un représentant de la société pour laquelle je travaille toujours aujourd’hui et qui m’a d’ailleurs embauchée peu après. C’était hautement évocateur, car le 18 novembre revêt un sens profond pour les membres de la SGI. C’est le jour où nous faisons le vœu de renouveler notre engagement de contribuer à la société et d’œuvrer en faveur de la paix mondiale, en perpétuant l’esprit des trois présidents fondateurs.
J’étais ravie car, depuis des années, j’espérais avoir la chance de joindre cette entreprise. Il m’a cependant fallu affronter une nouvelle contrainte : mon permis de travail arrivait à échéance et, vu la pandémie de COVID-19, il était évident que les démarches pour son renouvellement allaient prendre davantage de temps que prévu. Cette fois encore, j’étais décidée à permettre à l’énergie positive de cette journée significative du 18 novembre de se manifester. Pendant les semaines qui ont suivi, j’ai récité d’abondants Daimoku et je me suis appliquée à renforcer ma pratique bouddhique. Il me faut également préciser que le responsable des ressources humaines a attendu deux mois supplémentaires avant de m’embaucher, soit jusqu’à ce que je reçoive mon nouveau permis de travail. C’est ainsi qu’en février 2021, j’ai eu le bonheur de me rallier à une équipe composée de magnifiques et talentueux collègues. J’ai la conviction que c’est uniquement grâce à la récitation de Nam-myoho-renge-kyo que j’ai pu remporter ce défi. Toutefois, peu après mon entrée en poste, on m’a diagnostiqué un problème important : l’une de mes trompes de Fallope était endommagée et remplie de liquide. Cette complication s’était progressivement développée au cours des dix dernières années à la suite d’une blessure survenue lors de l’une des quatre opérations de la colonne vertébrale que j’avais dû subir dans le passé. J’étais bouleversée à l’idée d’une nouvelle chirurgie.
Nabomita (à droite), son époux, Som, et sa mère, Madhumita
Malgré tout, j’ai pris une nouvelle résolution et prié pour percevoir les choses sous une perspective favorable. Je peux attester avec fierté que mon état d’esprit à ce moment-là était bien meilleur que lors de mes précédentes interventions. Nonobstant le fait que j’aie énormément souffert et que ma convalescence ait été pénible, je me suis sentie heureuse et très sereine. Néanmoins, un mois plus tard, alors que je croyais que ma vie revenait à la normale, la santé de ma mère en Inde s’est soudainement altérée. Un matin, elle s’est plainte d’avoir le souffle court, des palpitations et des enflures inquiétantes. Devant sa condition qui s’aggravait, elle a dû être transportée d’urgence à l’hôpital. Étant donné que la COVID-19 était en pleine propagation à ce moment-là, nous espérions que sa situation se stabilise pour qu’elle puisse revenir à la maison le soir même. Malheureusement, la réalité fut tout autre. Alors qu’elle avait été admise pour un simple examen général, elle a rapidement été transférée aux soins intensifs et branchée à plusieurs machines. En outre, elle a dû être fortement médicamentée, car son état s’était détérioré de manière inexplicable. Puis, à la suite d’une septicémie causée par une infection générée par la bactérie E. coli, ses organes, qui semblaient jusque-là bien fonctionner, ont commencé à faire défaut sans raison apparente. À mesure que son statut empirait, les médecins perdaient tout espoir qu’elle survive. Je conçois aisément que rien n’est éternel, mais je n’aurais jamais imaginé vivre sans ma mère. J’avais perdu mon père très jeune, et la pensée de me retrouver privée d’un autre être cher me terrorisait. J’ai donc refusé de m’avouer vaincue, et récité Daimoku pendant des heures, priant pour la protection et la guérison de ma mère. Son rythme cardiaque est graduellement revenu à la normale, mais le combat était loin d’être terminé.
Au vu de la distance qui nous séparait, j’ai récité Nam-myoho-renge-kyo plus intensément que jamais et lu autant d’écrits de Nichiren que possible afin d’affronter courageusement ma peur et ne pas m’effondrer. J’étais déterminée à démontrer la puissance de cette pratique par la guérison totale de ma mère. Je savais au fond de moi que je devais changer mon destin, et que le seul moyen d’y parvenir était de faire confiance au Gohonzon. J’ai envoyé des missives à mon mentor, Daisaku Ikeda, et contacté des membres de la SGI, des amis et des voisins pour leur demander de soutenir ma mère par leurs prières. Dans l’une de ses lettres, Nichiren Daishonin affirme :
« Croyez dans ce mandala de tout votre cœur. Nam-myoho-renge-kyo est semblable au rugissement d’un lion. Quelle maladie pourrait donc constituer un obstacle? »[4].
J’ai gravé ces paroles dans mon cœur et, telle une lionne rugissante, j’ai prié pour anéantir cette maladie, fermement résolue à transformer le karma de notre famille pour le bien de kosen rufu. J’étais terrifiée et, sans le pilier de ma pratique bouddhique, je ne sais pas comment j’aurais pu affronter cette situation. Même après dix jours, ma mère était encore fortement médicamentée et recevait des chocs électriques pour que son cœur continue de fonctionner. Le onzième jour, elle a subi un arrêt cardiaque et, après plusieurs tentatives de réanimation, alors que son décès allait être prononcé, elle est revenue à la vie. Les médecins, qui étaient persuadés que ce traumatisme allait laisser des séquelles sur sa santé et sa mobilité, lui ont fait passer une imagerie par résonance magnétique (IRM) cérébrale afin d’évaluer les impacts de l’AVC cardio-embolique qui l’avait terrassée. À la surprise de tous, ces tests n’ont révélé aucune anomalie. Nos Daimoku avaient clairement percuté sa vie!
Ikeda a déclaré :
« Face à l’adversité, nous pouvons avoir l’impression d’avoir atteint nos limites mais, en réalité, plus les circonstances sont difficiles, plus nous sommes au seuil d’une grande transformation. Plus la nuit est sombre, plus l’aube est proche. La victoire dans la vie réside dans l’ultime élan d’ardeur que nous arrivons à mobiliser, un élan débordant de la volonté de triompher.»[5]
Ma mère est restée aux soins intensifs pendant quinze jours particulièrement angoissants. Une fois son état stabilisé, mon frère, qui était en Inde, l’a ramenée à la maison où sa santé s’est progressivement améliorée. Aujourd’hui, soit près de deux ans plus tard, je suis reconnaissante que ma mère ait pu réussir à surmonter la phase la plus cruciale de sa guérison. Elle n’a pas d’ennuis de mobilité ni de séquelles sérieuses. Déterminée à guérir complètement, elle récite Nam-myoho-renge-kyo de tout son cœur quotidiennement. Pendant cette période, notre famille a obtenu plusieurs autres bienfaits. En effet, aucun de ceux qui étaient en Inde n’a contracté la COVID-19, et mon conjoint et moi avons pu déménager des États-Unis au Canada, en 2021, sans aucune embûche. Le mandat professionnel de mon époux a été reconduit, ce qui lui a procuré une substantielle augmentation de salaire. De mon côté, mon gestionnaire américain a fait une exception en me réembauchant dans le projet sur lequel je travaillais déjà, mais au sein d’une entreprise canadienne. De plus, mon époux et moi avons bénéficié de nombreux autres avantages financiers qui nous ont aidés à couvrir les frais médicaux de ma mère et permis de nous installer confortablement dans notre nouveau pays d’accueil.
Durant ces mois de transition, j’ai vraiment ressenti le pouvoir du Gohonzon et la richesse des encouragements de Daisaku Ikeda. Au cours des événements que j’ai traversés, j’ai véritablement compris le sens de « l’esprit de mentor et disciple »[6]. C’est pourquoi j’ai rédigé un compte-rendu de ma victoire à mon mentor qui m’a toujours tant encouragée par le biais de son œuvre, et je suis absolument comblée d’avoir reçu une réponse de sa part. Je cite à nouveau M. Ikeda :
« Ceux qui embrassent la foi dans la Loi merveilleuse ne souffriront pas de la vieillesse ou de la mort. Tant que nous maintiendrons la flamme de la foi, le flambeau de la force vitale brillera toujours en nous. Nous pourrons ainsi vivre avec une confiance sans faille en transcendant la naissance et la mort. »[7]
Il est indéniable que mes combats ne sont pas terminés, mais je suis prête à les surmonter, l’un après l’autre, pour l’avancement de la paix mondiale. Je demeurerai éternellement reconnaissante d’avoir la bonne fortune d’expérimenter et de partager la grandeur du Bouddha, de la Loi mystique, de la foi et de la pratique bouddhique.
Publié en septembre 2024 ère nouvelle
[1] Troisième président de la Soka Gakkai (1960 à 1979) et président de la SGI de 1975 à 2023, décédé le 15 novembre 2023.
[2] Traduction libre, www.daisakuikeda.org/sub/quotations/theme/difficulties.html (non disponible en français).
[3] Selon l’enseignement de M. Tsunesaburo Makiguchi (1871-1944), premier président de la Soka Gakkai, il existe trois types de valeurs : la beauté, le gain et la bonté. Dans le monde du travail, la beauté s’apparente à un emploi que l’on aime, le gain représente un salaire permettant de subvenir à nos besoins, la bonté se reflète dans un emploi qui aide les autres et contribue à la société.
[4] « Réponse à Kyo’o », Les écrits de Nichiren, p. 415.
[5] Traduction libre, www.daisakuikeda.org/sub/quotations/theme/difficulties.html (non disponible en français).
[6] En bouddhisme, le mentor inspire son disciple à se développer et à se dépasser. Au cœur de cette relation réside aussi l’engagement d’œuvrer pour le bonheur de tous les êtres humains.
[7] Traduction libre, For Today & Tomorrow—Daily Encouragement, World Tribune Press, 1999, p. 163, (non disponible en français).