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Incarner le noble esprit de l’espoir

July 14, 2021

Par Emily Dunn

Emily avec son mari, Brandon, et leur fils, Carson.

Je suis une infirmière psychiatrique qui travaille à l’urgence d’un hôpital très achalandé de New Westminster en Colombie-Britannique. J’ai épousé Brandon il y a sept ans, et nous avons un petit garçon âgé de deux ans qui se prénomme Carson. Avant sa naissance, je récitais Nam-myoho-renge-kyo* pour avoir un enfant qui serait une source d’inspiration dans ma pratique bouddhique qui vise l’établissement de la paix mondiale. C’est ce qui est arrivé. Carson me fait travailler plus fort pour surmonter les difficultés que je rencontre. Mon mari, qui est également bouddhiste, comprend l’enjeu que cela représente pour moi. De plus, nous vivons une épreuve unique en ce moment en tant que famille, défi que nous partageons d’ailleurs avec le monde entier, c’est-à-dire la COVID-19 et son impact dans nos existences. À la mi-mars 2020, un état d’urgence a été décrété au Canada. On nous conseilla alors fortement de rester tous chez soi et d’observer une distanciation physique. Pour plusieurs, cela s’est traduit par du télétravail tout en s’occupant aussi des enfants également confinés à la maison. Toutefois, en tant que travailleuse de première ligne, je n’ai pas eu cette option. J’ai dû continuer de me rendre à l’hôpital.

J’ai réalisé que la situation était grave quand mon responsable a commencé à être sollicité pour assister quotidiennement à de multiples réunions de planification portant sur la COVID-19. Nos politiques de contrôle des infections au travail changeaient si rapidement qu’il s’avérait difficile d’en suivre le rythme. Je me rappelle particulièrement d’un quart de travail, au début de la pandémie, alors que les mesures sanitaires changeaient en quelques heures à peine. D’un jour à l’autre, nous sommes passés à l’admission de deux visiteurs dans notre unité à un seul, puis à aucun. Nous avons commencé à utiliser des masques et des lunettes de protection lors de nos rencontres avec nos patients et parfois, nous avons dû enfiler des blouses d’isolation. Comme la pandémie perdure, ces protocoles sont toujours en place. De plus, nous devons porter un masque au poste de soins infirmiers pendant la totalité de notre quart de travail de 12 heures. Les habitudes ont changé rapidement. Mes collègues et moi nettoyons maintenant nos claviers d’ordinateurs, nos téléphones et toutes les surfaces qui sont touchées. Je me suis fait un chignon au travail et parfois, je le couvre d’un bonnet. En raison du port du masque pendant les nombreuses heures que dure mon quart de travail, je souffre de maux de tête à cause du manque d’oxygène. Je change mon attirail pour enfiler des vêtements propres quand je quitte l’hôpital. Lorsque j’arrive à la maison, je laisse mes souliers à l’extérieur. Je prends ma douche avant de rejoindre mon mari et de prendre mon enfant dans mes bras.

Évaluer la santé mentale des malades et maintenir une certaine distance tout en portant un masque et des lunettes de protection est un défi, particulièrement quand les patients aussi portent un masque. C’est difficile de bien interpréter leur état émotionnel global. Comme ils ne pouvaient pas me voir sourire, j’ai développé de nouvelles façons d’entrer en relation avec eux. Certains jours, je ne dispose pas de beaucoup de temps pour réciter Daimoku* à la maison. Je fais de mon mieux, parfois je prie dans ma voiture pendant le trajet de 45 minutes nécessaire pour me rendre au travail. Je me rends compte que le fait de lire la directive quotidienne de mon mentor, Daisaku Ikeda, m’inspire dans l’accomplissement de mes tâches quotidiennes. Bien que les directives quotidiennes soient courtes, ces encouragements semblent toujours pertinents, peu importe ce qui arrive cette journée-là. Au début, mon conjoint me soutenait quand j’allais travailler. Cependant, lorsque la situation est devenue plus tendue, il m’a fait part de son anxiété à l’idée que je travaille à l’hôpital durant la pandémie. Il s’inquiétait parce que cela triplait notre risque de tomber malade. Il faut dire que moi aussi, cela me tracassait.

Emily au travail.

Nous avons ensuite appris que non seulement les personnes âgées mouraient, mais que c’était également le cas pour certains jeunes. Parmi ces derniers, plusieurs étaient des professionnels de la santé. Il y a eu des moments où j’ai eu peur d’aller travailler. J’ai sincèrement récité Nam-myoho-renge-kyo* afin que ma famille demeure en santé et n’attrape pas la COVID-19. J’écoutais les informations de CBC, puis j’éprouvais de la colère lorsque j’entendais qu’une nouvelle victime avait perdu son combat contre cette maladie. Je sympathisais avec toutes les familles et les travailleurs de la santé qui étaient dans des endroits durement touchés comme à New York ( États-Unis) et en Italie. C’était triste et difficile d’expliquer à mon fils âgé de deux ans pourquoi il ne pouvait pas aller visiter « Nana », sa grand-mère, ni même entrer chez elle. Nous restions dans notre voiture et rendions brièvement visite, à distance, à mes parents qui étaient derrière leurs fenêtres fermées. Cela me fendait le cœur quand mon fils disait : « Nana, viens dans l’auto! », ou « Allons voir Nana chez elle. » Il pleurait quand nous lui répondions que ce n’était pas possible.

Brandon n’arrêtait pas de se demander quand est-ce que cette pandémie s’arrêterait, voire à quel moment pourrions-nous retourner à notre vie telle qu’elle l’était auparavant. Au fond de moi, je savais que celle-ci serait désormais toujours un peu différente, qu’elle ne serait jamais tout à fait comme nous l’avions connue, et pour de bonnes raisons. Malgré tout, je ressentais de la gratitude envers diverses initiatives de ma communauté, telles que la confection collective de masques, le tapage sur les chaudrons et les poêles à 19 h 00 chaque soir en guise de remerciements pour notre travail à l’hôpital, et la parade constituée de véhicules de policiers, de pompiers et d’ambulanciers qui nous encourageaient à la fin de chaque quart de travail. La première fois que j’ai vu la parade, j’ai fondu en larmes. Cette action justifiait nos sacrifices pour aider les gens dans une période difficile.

Je suis aussi reconnaissante envers [ le président de notre organisation bouddhiste] M. Ikeda pour les encouragements qu’il nous a offert dans son poème intitulé « À ceux et celles qui protègent la vie et qui incarnent le noble esprit de l’espoir », dont voici un extrait : 

En regardant le visage de chaque patient

avec votre œil attentif et expert

et en veillant chaleureusement

sur chacun d’eux,

vous travaillez jour et nuit

pour réaliser votre rêve

d’aider tous les êtres humains

à exaucer leur vœu :

Menez des vies longues et en bonne santé!

Vous êtes un magnifique modèle

d’amour et de compassion!1

J’éprouve aussi beaucoup de gratitude pour l’amélioration de l’état de santé de mon fils. Avant la COVID-19, il était toujours malade. Toutefois, plus la pandémie avançait, plus l’état de santé de Carson s’améliorait. Moins d’enfants fréquentaient son service de garde, et les nouveaux protocoles sanitaires le protégeaient des virus ambiants. De plus, l’ayant souvent gardé à la maison, j’ai eu la joie de voir nos liens se resserrer davantage. Nous marchions ensemble et explorions la nature. Ainsi, de bonnes choses sont survenues cette année, et disposer davantage de temps en est une.

Pendant les premiers mois de la pandémie, mon travail dans le domaine de la santé mentale a été beaucoup plus tranquille qu’auparavant. Plusieurs personnes avaient peur d’aller à l’hôpital ou avait été informées de ne pas s’y présenter. Ce qui a fait que nous avions beaucoup plus de temps libre pour accomplir des projets personnels. L’un d’eux fut de rechercher une nouvelle maison et, au début du mois de mai 2020, nous avons trouvé celle de nos rêves. Nous avons pu l’acheter et vendre notre ancien domicile pendant la pandémie, le tout en moins d’un mois. Cela dit, juste comme nous nous installions dans notre nouvelle demeure, j’ai attrapé la COVID-19 sur mon lieu de travail. La peur s’est emparée de moi lorsque j’ai obtenu la confirmation que j’avais été testée positive. Je pensais avoir fait tout ce qu’il fallait pour éviter cela ! J’avais toujours porté mon équipement de protection individuelle et utilisé du désinfectant aussi souvent que possible.

Nous ne savions pas vraiment comment je pourrais m’isoler de mon mari et de mon enfant. Je ne pouvais m’imaginer de ne pas pouvoir interagir avec mon petit garçon pendant deux semaines. Mais Carson a immédiatement présenté des symptômes, et nous avons donc décidé de nous mettre en quarantaine toute la famille ensemble. Une semaine plus tard, vers Noël, Brandon a également contracté la COVID-19. Même si c’était une période difficile, je suis très reconnaissante parce que nos symptômes ont été légers, et que nous n’avons pas d’effets résiduels. Demeurer positive, réciter Daimoku* pour vaincre le virus et recevoir du soutien de nos proches nous a aidés à passer au travers de ce défi. Je suis maintenant plus consciente de ce par quoi sont passés ceux qui ont souffert de cette maladie, et j’éprouve une compassion profonde pour eux. Je suis également très heureuse d’avoir reçu mon vaccin tout récemment. Mon travail en tant qu’infirmière en psychiatrie me tient maintenant plus occupée parce que l’on commence à voir chez les gens les conséquences sur le plan mental et émotionnel du stress engendré par la pandémie de COVID-19. Consciente qu’il y a encore plusieurs défis devant nous, je suis déterminée à continuer de réciter Nam-myoho-renge-kyo* et à étudier le bouddhisme de Nichiren Daishonin au mieux de mes capacités. Je suis convaincue que nous allons surmonter les difficultés engendrées par le coronavirus. Le thème de la SGI pour l’année 2021 étant « L’année de l’espoir et de la victoire », je suis persuadée qu’avec l’espoir, la victoire suivra!  

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1 ère nouvelle, février 2021, p. 35.

* Consulter le glossaire en troisième de couverture.