Relever les défis avec une attitude courageuse
Richard (au centre), son frère, David, et sa sœur, Naomi
Par Richard Mayede
New Century (NC) : Bonjour Richard ! Merci de livrer ton expérience au cours de cette entrevue. Nous savons que tu as commencé à pratiquer le bouddhisme de Nichiren Daishonin très jeune. Peux-tu nous en dire davantage ?
Richard : Quand j’y repense aujourd’hui, je peux déclarer que j’ai été favorisé d’avoir été confronté à des obstacles dès mon plus jeune âge. Bien sûr, au moment où j’ai dû les affronter, ces épreuves ont été très pénibles pour moi. Né asthmatique, j’ai récité Daimoku* avec beaucoup d’ardeur pendant toute mon enfance pour surmonter cet handicap. Pendant dix ans, soit le nombre d’années séparant la naissance de ma sœur et la mienne, mes parents ont tenté d’avoir un autre enfant. Au cours de cette période, ils ont eu trois fils, tous décédés prématurément. Lorsque je suis né, Daisaku Ikeda, feu le président de la SGI, m’a offert le nom de Katsuji, qui signifie « Victoire », car mes parents n’ont jamais renoncé en dépit de la souffrance émotionnelle causée par la perte successive de trois bébés. Les jours où je souffrais de mon asthme, ma mère et mon père me recommandaient toujours de ne jamais renoncer, quoi qu’il arrive. J’ai été victime de brimades à la maternelle et en première année du primaire, car je ne pouvais ni courir ni suivre la cadence de mes camarades. Mon asthme se manifestait physiquement, et je récitais continuellement Nam-myoho-renge-kyo* pour le surmonter.
Terry Fox, le jeune athlète canadien, devenu un héros national, a été pour moi une véritable source d’inspiration. Amputé d’une jambe à l’âge de 18 ans à cause d’un cancer, ce jeune homme a dû subir 16 mois de traitement. Durant cette période, il a réalisé qu’il ne pouvait ignorer la souffrance dont il avait été témoin dans les unités de cancérologie. C’est pourquoi, en 1980, Terry a entrepris une course d’est en ouest à travers le Canada pour recueillir des fonds et attirer l’attention du public sur la recherche contre le cancer. Il a appelé cette course « Marathon de l’espoir ». J’avais 12 ans, et cet exploit m’a incité à réciter Daimoku encore davantage. Je voyais ce jeune homme accomplir sa mission et démontrer le meilleur comportement humain possible. Je me suis alors dit que s’il pouvait atteindre son objectif dans la vie, je devais être en mesure d’en faire autant, notamment parce que je pouvais m’appuyer sur le Gohonzon*.
Progressivement, je me suis aperçu que j’arrivais à rattraper mes camarades à la course et, par la suite, je me suis amélioré jusqu’à devenir le coureur le plus rapide de mon école. Pendant mon secondaire et ma première année d’université, j’ai continué de sprinter et couru les 100 m, 200 m, 400 m, les relais 4 x 100 m et 4 x 400 m. Aujourd’hui, je suis heureux d’avoir pu relever le défi de réciter Nam-myoho-renge-kyo dès mon enfance pour surmonter ma maladie. Depuis cette période, je ne me laisse plus abattre, car je repense au petit garçon déterminé à vaincre son asthme… et qui y est parvenu. J’espère que tous les membres du Groupe de la jeunesse apprendront à relever des défis. C’est le seul moyen d’acquérir une expérience précieuse dans la pratique du bouddhisme de Nichiren Daishonin.
Richard avec ses parents, Setsuko (mère) et Tadashi (père) en 2005
NC : Tes parents t’ont élevé avec l’esprit de ne jamais être vaincu, et on peut très bien constater que tu as manifesté ce principe dans ta vie. Comment as-tu réussi à maintenir ta pratique bouddhique durant ton adolescence ?
Richard : Ce qui a consolidé ma foi à l’adolescence, c’est le fait que mon responsable de district, Sam Watanabe, et son épouse, Kay, aujourd’hui tous deux décédés, m’aient emmené en voiture aux réunions de discussion. À l’époque, mes parents étaient les principaux responsables de la SGI à Vancouver et, par conséquent, soutenaient tous les districts. Pendant qu’ils assumaient ces responsabilités, mon frère David et moi-même avons pu développer une pratique bouddhique individuelle grâce au support de nos propres responsables de district. Comme nos parents ne nous surveillaient pas constamment, nous sommes devenus autonomes au niveau de notre foi. Si j’ai pu développer une attitude équilibrée et renforcer mon esprit de recherche pour mieux comprendre le bouddhisme de Nichiren et la SGI, c’est grâce au soutien de nos responsables de district et du Groupe de la jeunesse. Ils ont répondu à nos interrogations et nous ont aussi posé des questions empreintes de sincérité. Ils ont ensuite écouté avec la plus grande attention les réponses que mon frère et moi leur donnions. Le fait que des adultes fassent preuve d’autant de respect à notre égard nous a permis de développer une grande confiance en nos capacités.
NC : Cela rappelle les actions menées par le président Ikeda pour encourager la nouvelle génération, et le rôle actif que nous pouvons tous jouer en ce domaine. L’actuel président de la Soka Gakkai et de la SGI, Minoru Harada, explique : « Le président Ikeda a soutenu et formé les membres du Groupe de l’avenir parce qu’il avait confiance en eux. Il s’engagea corps et âme dans toutes ses interactions avec les jeunes, respectant chacun et chacune comme un individu à part entière. C’est comme s’il procédait à une cérémonie à la fois solennelle et joyeuse, un moment où il remettait à chacun d’eux une couronne d’espoir constellée de pierres précieuses [1]. »
Tu as également dirigé la fanfare de Vancouver à une période cruciale. Peux-tu nous parler de ton expérience en tant que responsable de ce groupe ?
Richard : J’avais 15 ans lorsque les activités de l’orchestre ont repris grâce à Ron Wong, le responsable du Groupe des jeunes hommes de la région de Vancouver. Certains responsables séniors qui faisaient partie du Groupe des jeunes hommes ayant contribué à la création de la fanfare m’ont bien entraîné. Peu de temps après son lancement, fin mai 1983, mon père, qui participait en tant que représentant canadien à une réunion de la SGI se tenant en Alaska avec Daisaku Ikeda, lui a montré une photographie de notre fanfare. En la voyant, M. Ikeda a décidé de donner le nom de « Grande moisson » à l’ensemble des cuivres de Vancouver. Le symbolisme de cette appellation fait référence à la capture d’une importante quantité de poissons, car le président Ikeda savait pertinemment que mon père était un amateur de pêche au saumon. Cette métaphore avait pour but d’exhorter les membres de notre orchestre à effectuer une « grande moisson » de jeunes désireux d’apprendre et de développer leurs compétences pour le bien de la SGI et de la société, dans nos communautés respectives.
Grâce à ces bienfaits, soit d’avoir reçu un prénom du président Ikeda et de jouer dans un orchestre également nommé par lui, j’ai acquis la conviction que j’avais pour mission de protéger et développer la SGI au Canada. J’ai ensuite été nommé vice-responsable de cet ensemble dès l’âge de 18 ans. Yoshi Sakaue, qui était le responsable du Groupe Soka [2], m’a chaleureusement expliqué que mon rôle était crucial pour atteindre les objectifs fixés. Par la suite, je me suis assuré de remporter la victoire en soutenant le développement de personnes capables pour la réalisation de kosen rufu*. Beaucoup d’entre eux sont aujourd’hui des chefs de file dans leurs milieux de travail respectifs, et plusieurs assument une responsabilité au sein de la SGI dans leurs communautés locales. Je suis fier d’avoir contribué à l’implication de plus de cent soixante jeunes hommes dans la fanfare pendant la période où j’en étais l’un des responsables. Mon objectif, à ce moment-là, était que chacun, sans exception, puisse conserver de mémorables souvenirs de sa participation. Aujourd’hui, près de quarante-et-un ans après sa création, le Great Harvest Youth Band continue de former de nombreux jeunes capables.
NC : Les efforts que tu déploies pour soutenir le développement de successeurs sont une véritable source d’inspiration. Le président Ikeda a encouragé les jeunes ainsi : « J’espère que vous consacrerez votre vie à devenir l’ami et le soutien le plus loyal de ceux qui souffrent ou qui sont en détresse. Et j’espère que vous chérirez la Soka Gakkai, une organisation constituée par et pour les personnes ordinaires, que vous la respecterez, la soutiendrez et travaillerez à son développement. C’est la requête sincère que je vous adresse. » [3]
Tu as été confronté à un problème de santé important en juin 2005. Comment y as-tu fait face?
Richard : Honnêtement, ce n’est que durant quelques instants que j’ai ressenti de la tristesse lorsqu’on m’a annoncé que j’étais atteint de la maladie de Parkinson. La première chose à laquelle j’ai pensé après avoir reçu ce diagnostic, c’est qu’il fallait que je devienne une source d’inspiration éclatante pour tous ceux et celles qui seraient confrontés à des épreuves dans leur vie. Je n’avais que 37 ans, et cela ne faisait qu’un an que j’avais joint le Groupe des hommes. Je faisais alors tout pour éviter de rencontrer des personnes atteintes de ce mal, car une partie de moi redoutait de voir ce qui m’attendait. Comme je découvrais progressivement cette maladie, je ne savais pas à qui m’adresser pour en apprendre davantage. Toutefois, petit à petit, j’ai commencé à sortir de mon isolement et à aller à la rencontre des autres.
En y repensant, cette étape a coïncidé avec le décès de mon père. D’une certaine manière, j’avais hérité de sa faculté à dialoguer avec n’importe qui et de n’importe quel sujet. J’aime croire que cette disposition m’a été transmise, mais je constate qu’elle a toujours fait partie de moi. Il suffisait seulement d’éveiller cette qualité. Mon père est décédé le samedi 3 mai 2008 et, dès le lundi 5 mai, je suis parti travailler, car c’est ce qu’il aurait voulu. C’est donc pour lui rendre hommage que j’y suis allé. Mes collègues, qui savaient que j’étais bouddhiste, ont été impressionnés par ma foi, pensant que je serais abattu et triste dans les circonstances. Je leur ai dit que ma force provenait du fait que je comprenais et acceptais le point de vue bouddhique du rôle de la mort dans le cycle éternel de la vie. Cela m’a fait du bien de savoir qu’en annonçant à tout le monde que j’étais bouddhiste, au moment où je venais d’entreprendre une nouvelle fonction de marketing, je permettais à mes collègues de me comprendre et de me reconnaître à travers mes actions fondées sur ma croyance en la philosophie bouddhique. Je conserve d’ailleurs toujours des liens d’amitié avec l’un des copropriétaires de cette entreprise, lequel me questionne régulièrement sur la vie en général ou des sujets d’actualité, pour connaitre le point de vue bouddhique, quand nous ne parlons pas de hockey et des Canucks de Vancouver !
NC : La détermination dont tu fais preuve pour affronter cette maladie avec courage et espoir est vraiment inspirante. Il paraît que tu es actif au sein de l’association du Parkinson de Colombie-Britannique (Parkinson Society of British Columbia). Dans quelles activités es-tu impliqué au sein de cette communauté?
Richard : De 2005 à 2016, j’ai participé à la collecte de fonds annuelle de l’association, dénommée SuperWalk, et j’ai recueilli des dons. À l’époque, c’était l’essentiel de mon implication auprès de ce groupe. Puis, en juin 2016, j’ai décidé d’en faire davantage et de m’engager au sein du conseil d’administration. Je trouvais que le conseil d'administration devait être plus représentatif de la diversité de la population locale. Le comité s’est diversifié depuis, mais il reste encore du travail à faire. Cette année, je suis devenu secrétaire du conseil d’administration. Sachant ce que je sais aujourd’hui, j’aurais aimé pouvoir entrer en contact avec un membre de la société du Parkinson dès que j’ai su que j’en étais atteint, car c’est le groupe le plus remontant qu’une personne dans cette condition puisse fréquenter. Même si l’état varie selon les individus, nous avons tous le même objectif : trouver un traitement. Dans cette quête commune, les liens de camaraderie qui nous unissent sont vraiment réconfortants.
Richard, septembre 2024, lors de la SuperWalk,
une marche au profit de la lutte contre la
maladie de Parkinson, organisée tous les ans à Vancouver.
NC : En avril 2024, l’association du Parkinson de Colombie-Britannique t’a remis un prix en reconnaissance de tes efforts en tant que bénévole. Félicitations ! Qu’as-tu ressenti lorsque tu as reçu cet honneur ?
Richard : Pour moi, cela représente une preuve factuelle de la validité de mon rôle de « bodhisattva surgi de la Terre* ». J’ai eu la chance d’être soutenu financièrement par l’association pour assister au congrès mondial sur la maladie de Parkinson à Kyoto, en 2019, puis à celui de Barcelone en 2023. Je leur suis très reconnaissant d’avoir souligné mes contributions et de m’avoir permis de me rendre dans ces deux villes merveilleuses en tant que membre du conseil d’administration et adepte de l’association.
NC : Tu es également engagé en tant que bénévole dans d’autres organisations. Peux-tu nous décrire tes activités ?
Richard : Je travaille bénévolement à plusieurs endroits. Entre autres, je m’implique dans divers groupes de soutien et m’occupe, à partir de Vancouver, de l’animation en ligne via Zoom d’un district au sud de l’Okanagan, car il n’y a personne dans cette région pour le faire. Je participe aussi, à titre bénévole, à un programme de l’association du Parkinson de Colombie-Britannique, appelé PD Link, qui fonctionne sur le principe du jumelage. On m’a associé à quelqu’un qui ne connaissait pas la maladie de Parkinson, mais souhaitait savoir comment j’avais fait face à l’intervention chirurgicale que lui-même s’apprêtait à subir. Depuis son opération, nous avons décidé de rester en contact et nous nous téléphonons une fois par mois pour échanger ensemble. Il nous arrive de comparer nos observations sur nos symptômes respectifs et sur la manière dont nous gérons la maladie.
Je suis aussi un patient volontaire pour les élèves de deuxième année de médecine à l’Université de la Colombie-Britannique. Tout en apprenant les notions de neurologie, ils ont également l’opportunité de discuter avec des personnes atteintes de maladies neurologiques. C’est très gratifiant d’entendre les étudiants affirmer à quel point ils apprécient nos rencontres et nos échanges sur la manière avec laquelle je fais face à cette maladie. Je milite aussi en faveur de notre cause. J’ai fait part de mon expérience devant la Commission des finances du gouvernement de Colombie-Britannique afin de plaider en faveur d’une longue liste de mesures que nous souhaitons voir mises en œuvre. De plus, je donne mon opinion en tant que représentant des patients du « Réseau Parkinson Canadien Ouvert » (RPCO), une association de dix universités canadiennes regroupant des spécialistes de troubles moteurs. Chaque institution collige les données recueillies au cours de recherches sur la maladie dans une base de données centralisée. Mon rôle en tant que bénévole consiste à maintenir les chercheurs informés des besoins et attentes des patients. Comme cette structure est encore en démarrage, ma principale contribution à ce jour a été de débuter l’un des quatre groupes de travail, nommé « Diversité ». Celui-ci est chargé de définir les stratégies visant à accroître la variété des données obtenues.
En octobre 2024, j’ai joint le conseil d’administration de l’organisme Dance with Parkinson « Danse avec la maladie de Parkinson ». Ce collectif s’est associé à David Leventhal, l’un des fondateurs de la compagnie de danse Mark Morris. Les cours de mouvements qui s’y donnent m’ont permis de gagner assez de confiance en moi pour me permettre de me déplacer librement sans me préoccuper de l’image que je projette. Selon moi, il est tout à fait naturel de soutenir un organisme canadien qui a l’autorisation de la compagnie Mark Morris pour enseigner une méthode d’exercices et de mouvements destinée aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
NDLR : Les personnes intéressées peuvent consulter le site suivant : https://danceforparkinsons.org/fr/
NC : Les efforts et le temps que tu consacres à faire du bénévolat sont tout simplement extraordinaires, c’est le moins que l’on puisse dire. Toutes ces actions contribuent à créer des valeurs dans la vie d’un grand nombre de personnes, qu’elles soient atteintes de la maladie de Parkinson ou pas encore diagnostiquées.
Richard : Je suis en mesure d’accomplir tout ce travail et de poursuivre mes activités de bénévolat depuis que j’ai subi, le 17 février 2021, une intervention chirurgicale de stimulation cérébrale profonde à haute fréquence (SCP). Cette opération a duré près de sept heures pendant lesquelles je suis demeuré éveillé. Deux trous ont été percés dans mon crâne et des électrodes ont été introduites pour activer des zones spécifiques de mon cerveau et améliorer mes symptômes. Cette chirurgie a notamment permis de faire disparaître presque totalement les mouvements involontaires du haut de mon corps. Avant l’opération, j’avais quasiment renoncé à travailler à cause de ceux-ci, car ils m’empêchaient de m’asseoir et d’utiliser un clavier, voire de déplacer ma souris sur un écran.
NC : C’est formidable que cette opération t’ait permis de réduire certains de tes symptômes. Comment envisages-tu la transmission du bouddhisme de Nichiren Daishonin aux autres ?
Richard : Pour pratiquer correctement ce bouddhisme, il faut à la fois prier pour soi et pour les autres, tel que Nichiren Daishonin l’a enseigné et démontré au cours de sa vie. Si ce n’est pas le cas, nous ne sommes pas de véritables pratiquants bouddhiques. Si nous obtenons des bienfaits sans partager cette merveilleuse philosophie avec ceux et celles qui nous entourent, alors nous ne pratiquons pas pour les autres. Cela signifie que nous manquons de compassion, une qualité qui est pourtant essentielle dans l’atteinte de la bouddhéité. Au lieu de ça, nous sommes égocentriques, n’est-ce pas ? Ce dont nous avons besoin, c’est de courage. Celui de partager honnêtement notre foi bouddhique avec les personnes qui sont confrontées à un défi, qu’il s’agisse d’un ami, d’un collègue, d’un membre de la famille ou de quelqu’un que l’on vient tout juste de rencontrer. Il n’est pas nécessaire d’utiliser la terminologie bouddhique qui peut être difficile à comprendre au début. Il suffit de parler avec son cœur. La façon dont les individus accueillent nos paroles ne dépend que d’eux-mêmes. Tout ce que nous avons à faire, c’est de transmettre nos convictions. S’ils réagissent positivement et décident un jour de pratiquer ce bouddhisme, alors le véritable défi commence. Si nous nous soucions vraiment de ces personnes, nous devons les soutenir sincèrement et les aider à progresser dans la foi.
Cependant, n’oublions pas que nous ne sommes pas leur mentor. Nous devrions suggérer aux amis, à qui nous avons présenté le bouddhisme, d’étudier les écrits de Nichiren et les orientations du président Ikeda, ainsi qu’à prier avec les autres membres. Grâce à nos efforts, ils comprendront que Nichiren Daishonin et Daisaku Ikeda sont à même de répondre à toutes les questions qu’ils se posent. L’amitié, la considération et le soutien sont des facteurs clés pour que chaque personne découvre le pouvoir de la Loi merveilleuse[4] dans sa propre vie. Je mentionne toujours à ceux et celles à qui je présente la pratique bouddhique qu’il peut m’arriver de vaciller dans ma foi. Cependant, les écrits de Nichiren et ceux de M. Ikeda nous permettront toujours de remporter la victoire. Si la personne à qui nous avons présenté le bouddhisme réagit négativement, nous ne devrions pas la forcer. Il ne faut jamais compromettre notre amitié ou nos liens avec qui que ce soit. Souvenons-nous que chaque personne a le potentiel de révéler sa nature de bouddha, mais que le moment n’est peut-être pas encore venu. Nous devrions avoir confiance dans le fait que nous avons semé la graine et posé les fondations qui permettront à cet individu de révéler sa nature de bouddha dans le futur.
NC : Ce sont là des paroles de sagesse, le fruit de ton expérience. Quels sont les passages des écrits de Nichiren ou les encouragements du président Ikeda qui t’ont le plus inspiré au fil des ans ?
Richard : « Nam-myoho-renge-kyo est semblable au rugissement d’un lion. Quelle maladie pourrait donc constituer un obstacle [5]? » Ce passage m’a toujours apaisé. Faire confiance à nos Daimoku nous permet de vaincre tous les obstacles. « Ceux qui croient dans le Sûtra du Lotus vivent comme en hiver, mais l’hiver se transforme toujours en printemps[6]. » Les nuits les plus sombres ne durent pas éternellement et, en fin de compte, la lumière l’emporte toujours sur les ténèbres.
J’ai toujours aimé le concept des « huit vents » qui nous incite à ne pas se laisser influencer par les louanges ou les critiques. De plus, comme l’a expliqué Daisaku Ikeda dans plusieurs de ses études, essais et discours, le principe selon lequel on « choisit délibérément le karma qui convient » [7] m’a apporté un éclairage précieux. Ce précepte m’a aidé à comprendre que dans mes vies antérieures, j’avais surmonté des difficultés tellement grandes que j’ai fait la promesse de manifester la grandeur de ma foi dans les prochaines existences et de démontrer la validité du bouddhisme de Nichiren Daishonin Tout ceci a contribué de manière significative à renforcer ma croyance dans les enseignements de ce dernier.
NC : Quels sont tes objectifs pour le futur ?
Richard : Mon objectif principal est de contribuer à la recherche d’un traitement pour la maladie de Parkinson. Il est difficile de faire des projets d’avenir quand vous êtes privé de vos capacités physiques au moment où vous vous y attendez le moins, mais je garde espoir et compte vivre une longue existence débordante de joie. Cette réponse peut sembler vague, mais je ressens du bonheur au quotidien, et je suis heureux d’être en vie un jour de plus.
NC : Si tu avais un conseil à offrir aux jeunes, quel serait-il ?
Richard : Lancez-vous le défi dès maintenant de devenir meilleurs que vous ne l’êtes et de vous améliorer encore davantage demain. N’empruntez pas le chemin le plus facile. Explorez ce qui vous fait peur ou ce que vous ne comprenez pas. Si vous êtes habitués à passer beaucoup de temps avec vos amis, essayez de rencontrer des personnes issues de divers horizons. Ainsi, vous serez en mesure d’apprendre à connaître ce que vous ne saisissez pas. J’ai éprouvé beaucoup de plaisir dans ma jeunesse, ayant pu explorer les diverses facettes de la SGI : œuvrer avec les membres, encourager de nouveaux amis et des jeunes dans mon district, participer à des performances culturelles, m’impliquer lors d’événements d’envergure et agir au sein des groupes Soka et Gajokai [8]. L’expérience la plus mémorable que j’ai vécue fut d’avoir la bonne fortune de soutenir le président Ikeda, à l’arrière-scène, lors de sa visite à Vancouver en 1993, en tant que membre du personnel chargé de la logistique.
Si je peux me permettre d’ajouter autre chose : c’est de faire preuve d’humilité. Nous pensons parfois que nous avons réponse à tout, mais il est important d’écouter nos aînés dans la foi, car ils font leur maximum pour nous aider à devenir les meilleures versions de nous-mêmes. Ma mère m’a toujours inculqué l’importance d’adopter un comportement exemplaire, et cela a toujours représenté un immense défi pour moi. Lorsque je me plaignais de certaines difficultés, elle me persuadait de prendre la meilleure voie. Elle a également fait figure d’exemple, tant dans la vie que dans la pratique bouddhique, car elle a toujours accepté les requêtes des responsables de district pour transmettre une expérience ou préparer une réunion d’étude. Son apport a été de démontrer comment se comporter en tant que pratiquante dans les dernières années de sa vie. Elle s’efforçait toujours de dialoguer avec les gens et témoignait volontiers de sa foi.
J’invite donc les jeunes à solliciter leurs aînés bouddhiques à participer aux rencontres de district. Ce sont de grands trésors, et nous pouvons tirer profit de leur expérience. De plus, en agissant de la sorte, ils sentiront qu’ils sont toujours appréciés. Ne vous inquiétez pas si vous êtes le seul ou la seule membre de la jeunesse dans votre district. Considérez plutôt cela comme une occasion de convaincre vos ami.e.s à se joindre à vos réunions. La présence de jeunes dans un district est stimulante. Si vous êtes l’unique représentant.e de la jeunesse, tout commence par vous. Une personne qui prend la responsabilité de transmettre sa foi à une autre devient le catalyseur de l’expansion. Comme le déclare le président Ikeda :
« L’avancée de kosen rufu réside dans la répétition d’efforts patients et assidus pour éveiller un ami après l’autre à adopter la foi dans le bouddhisme de Nichiren. Telle est la véritable pratique bouddhique. »[9]
NC : Merci infiniment, Richard, d’avoir pris le temps de nous livrer un témoignage si inspirant !
Publié en avril 2025 ère nouvelle
[1] ère nouvelle, juillet 2024, p. 5.
[2] Groupe Soka : jeunes hommes entrainés à œuvrer en arrière-scène et veiller à la sécurité des réunions de la SGI, tout en assurant la logistique de celles-ci.
[3] Dialogues avec la jeunesse, tome 2, p. 49.
[4] Loi merveilleuse ou Loi de Nam-myoho-renge-kyo : principe ou vérité ultime de la vie et de l’univers selon l’enseignement de Nichiren Daishonin.
[5]« Réponse à Kyo’o », Les écrits de Nichiren, p. 415.
[6] « L’hiver se transforme toujours en printemps », Les écrits de Nichiren, p. 539.
[7] Ce principe fait référence aux bodhisattvas qui, bien qu’ayant accumulé une grande fortune grâce à leur pratique bouddhique dans des vies passées, renoncent délibérément aux rétributions positives de leurs actes et choisissent au contraire de naître dans un monde impur pour sauver les êtres vivants. Ils propagent la Loi merveilleuse tout en connaissant eux aussi la souffrance, au même titre que les personnes ordinaires qui naissent dans ce monde mauvais du fait de leur mauvais karma.
[8] Gajokai : hommes et jeunes hommes entrainés à œuvrer en arrière-scène et chargés de soutenir les centres de la SGI. En japonais, ce terme signifie « Groupe de la forteresse », car sa mission est de protéger les forteresses de kosen rufu que sont les centres bouddhiques.
[9] Traduit libre. Extrait de la série d’essais du président Ikeda intitulée : « Réflexions sur La nouvelle révolution humaine », tiré du numéro du 7 octobre 1998 du Seikyo Shimbun, le quotidien japonais affilié à la Soka Gakkai.
* Consulter le glossaire en troisième de couverture.