Se connecter au cœur de Nichiren Daishonin
Par Aparna Menon
J’ai officiellement joint la SGI le 1er janvier 2021, et c’est avec une énorme reconnaissance que j’ai reçu le Gohonzon en mai 2022. Depuis, j’ai vécu plusieurs expériences de foi bouddhique, mais ce témoignage va surtout refléter les changements significatifs qui se sont produits en moi durant l’année 2022. Nous possédons tous notre propre karma, autrement dit un ensemble de tendances de vie, positives et négatives. Notre fils, Vikram, est né en 2019 avec des besoins particuliers dus au syndrome du spectre de l’autisme. Je me suis alors retrouvée confrontée à des peurs profondes : peur de l’avenir, peur de ne pas tenir le coup physiquement, peur de ne pas savoir comment seraient protégés nos enfants si un accident nous arrivait, peur d’être loin de nos proches et peur de ne pas savoir de quelle façon nos existences évolueraient ici, au Canada. Lorsque nous avons déménagé du Bahrein à Toronto en 2020, je me sentais investie d’une mission. J’avais abandonné une belle carrière en consultation informatique pour reprendre des études en sciences de la santé, notamment en autisme juvénile. Mon époux, qui exerçait en tant que banquier d’affaires, a tout quitté lui aussi sans avoir de poste qui l’attendait ici et, en janvier 2022, il a entamé ses recherches d’emploi dans l’espoir de débuter un nouveau métier à Toronto. Jusqu’alors, grâce à ma récitation de Nam-myoho-renge-kyo, j’avais réussi à inscrire notre fille Devyani dans une école d’art, à trouver le meilleur soutien possible pour notre fils, Vikram, et à progresser en vue de ma formation à l’Université de Toronto.
En janvier 2022, stimulés par nos réalisations de 2021, et de concert avec les membres de notre district, nous nous sommes fixé de nouveaux projets. J’ai alors noté les trois objectifs suivants :
1) Que mon époux trouve facilement et rapidement un emploi pour kosen rufu;
2) Que j’obtienne l’une des trois demandes de bourse que j’avais soumises pour réussir à poursuivre mes recherches de doctorat;
3) Que je puisse surmonter l’une des nombreuses peurs que j’éprouvais dans ma vie.
En m’inspirant de conseils reçus par des responsables de la SGI et de témoignages que j’avais entendus, je me suis imposé la date du 16 mars comme limite pour atteindre mes buts, soit le « Jour de kosen rufu [1] ». J’ai téléchargé une application sur mon téléphone et pris la résolution de réciter plus d’une heure de Daimoku par jour. Ce fut une période particulièrement difficile. Je recherchais des écoles potentielles pour notre fils qui allait débuter sa scolarité, et j’essayais aussi de lui trouver les meilleurs soins thérapeutiques tout en travaillant et en soumettant des demandes de bourse pour mon doctorat. C’est alors que, pour couronner la situation, nous avons tous attrapé la COVID-19. Inévitablement, mes tendances karmiques ont repris le dessus, et toutes mes craintes irrationnelles ont jailli. Je priais davantage mais, malheureusement, je le faisais avec la peur au ventre, imprégnée d’un sentiment d’impuissance. Malgré tout, j’ai été très étonnée de constater la suite des événements. Entre le 27 février et le 16 mars, j’ai obtenu une réponse positive non pas pour une, mais pour chacune des trois bourses pour lesquelles j’avais postulé. C’était fantastique, mais les objectifs concernant mon conjoint et mes peurs ne s’étaient point réalisés. Je me suis donc assise devant le Gohonzon, et me suis demandé pourquoi.
Je connaissais déjà la réponse. L’objectif qui s’était matérialisé le plus facilement et abondamment était celui qui était directement lié à l’avancement de ma mission pour kosen rufu en me permettant de travailler dans un domaine qui aurait un impact sur la vie d’enfants atteints d’un handicap. Je me suis fixé le 3 juillet comme nouvelle date limite, soit le « Jour de mentor et disciple[2] ». Pendant ce laps de temps, j’ai participé à autant d’activités dans la SGI que possible et ce, avec joie et gratitude. J’ai livré de nombreuses expériences, les rédigeant quand qu’on me le réclamait. J’ai également pris une part active aux préparatifs de notre réunion générale du Groupe des femmes au mois de mai. À la même époque, j’ai aussi échangé avec ma bonne amie de Dubaï qui m’avait présenté le bouddhisme de Nichiren Daishonin. Elle m’a donné ce conseil tout simple : « La quantité de Daimoku, c’est très bien, mais la qualité, c’est encore mieux. » De façon mystique, au même moment, j’ai participé à une réunion où un responsable nous a transmis cet encouragement : « Parfois, on peut transformer sa vie en récitant seulement trois Nam-myoho-renge-kyo. » J’ai alors compris une chose fondamentale. À cause de toutes les minuteries que j’avais enregistrées sur mon téléphone et des courbes de l’application affichant l’augmentation exponentielle de mes Daimoku, j’avais oublié l’essentiel : soit « Pour quelle raison récitons-nous Nam-myoho-renge-kyo ? » Nous le faisons pour ressentir de la joie, pour être heureux. Bien sûr, je n’aspire pas à réciter seulement trois Daimoku, et ma vie n’a pas changé à ce moment-là, mais j’ai cessé d’être obsédée par le nombre d’heures que je récitais.
À compter de ce jour-là, je me suis tournée vers le Gohonzon avec un sourire plutôt qu’avec angoisse, et j’ai porté une attention particulière à la qualité de mon Gongyo. À chaque fois que je priais, je pensais aux directives de Daisaku Ikeda que j’avais lues, et je gravais ses paroles dans mon cœur. J’entendais distinctement chaque syllabe de ma récitation du Sûtra du Lotus en récitant ma prière bouddhique. J’imaginais la magnifique scène de la Cérémonie dans les airs[3], et je me disais :
« S’il n’y a que trois minutes dans une journée pour que je me consacre à quelque chose de plus grand que moi, ce sont précisément ces trois minutes-là. »
Heureusement, j’ai toujours adoré lire les écrits de Nichiren Daishonin. Peu de temps après avoir changé ma façon de réciter Gongyo et Daimoku, j’ai trouvé un texte de M. Ikeda dans lequel il mentionnait l’importance de lire les écrits de Nichiren « avec notre vie ». C’est exactement ce que j’essayais de faire. Je voulais me sentir connectée au cœur de Nichiren Daishonin et, après avoir exprimé ce souhait sincère devant mon Gohonzon, cela s’est vraiment produit ! J’ai enfin compris la signification de la date du 3 juillet et du lien de mentor et disciple. Toutes les lettres de Nichiren que j’ai lues abordaient diverses problématiques, telles que la maladie, la pauvreté et la perte d’êtres chers. Cependant, elles avaient toutes un point commun : comment inspirer la personne devant soi ? Je désirais absolument me relier à l’immense état de compassion que je percevais dans les mots du Daishonin, et j’ai récité Daimoku pour y parvenir. Il m’est néanmoins difficile de décrire adéquatement le changement majeur qui s’est opéré en moi. Au lieu de me contenter de respecter et d’admirer mon mentor, je voulais agir comme lui, prendre soin de mes compagnons bouddhiques, encourager les gens et leur parler du bouddhisme de Nichiren Daishonin. Auparavant, je trouvais cela très difficile par crainte d’être jugée ou parce que j’éprouvais une certaine réticence à parler de religion.
Peu à peu, en étudiant les écrits bouddhiques et en priant avec cette nouvelle attitude, j’ai réalisé que j’accédais à une dimension qui dépassait mon petit ego. Maintenant que j’étais mieux connectée à mon mentor, ma vie prenait de l’envergure et gagnait en profondeur. J’avais toujours eu à cœur le principe de ne pas calomnier les autres, mais j’ai constaté que je continuais de dénigrer une personne qui était tout aussi précieuse : moi-même. Ainsi, non seulement mon mentor ne disait de mal de personne, mais rien ne m’indiquait qu’il était critique envers lui-même. La peur, le manque de confiance en moi et les doutes qui régnaient dans ma vie étaient donc aussi néfastes que tout ce que j’avais bien pu dire sur autrui. Cette prise de conscience m’a aidée à mieux comprendre ce dont mon entourage pouvait avoir besoin. Par le passé, j’arrivais facilement à ignorer ces considérations, étant complètement absorbée par les actions que je devais poser pour gérer ma propre vie. Les mois de mai et juin m’ont semblé très différents des mois de janvier et mars. Au lieu de me concentrer sur ma petite personne, j’ai orienté mes prières à l’extérieur de moi, vers des causes et des souhaits qui n’étaient pas directement liés à mes aspirations personnelles.
Puis, sans que je ne m’en rende vraiment compte, les bienfaits visibles et invisibles ont commencé à se multiplier. Mon mari s’est inscrit à un cours au Humber College qui lui a permis de faire du réseautage et de décrocher de nombreuses entrevues. Notre fils, Vikram, a été accepté dans une excellente école qui a fait preuve d’empathie et qui dispose de fabuleuses installations pour les enfants présentant des besoins particuliers. De plus, j’ai trouvé un naturopathe qui a non seulement pu soigner mon stress et les ennuis de santé que cela provoquait chez moi, mais qui m’a également incitée à développer une bonne hygiène de vie, ce qui a beaucoup atténué mes peurs. Finalement, le 30 juin, soit juste avant le « Jour de mentor et disciple », mon époux a reçu sa première offre d’emploi. Il occupe aujourd’hui un poste d’avant-plan comme gestionnaire du service à la clientèle dans l’une des plus grandes banques au Canada.
En terminant, ce passage de La nouvelle révolution humaine écrit par le président Ikeda, résume bien ce que je me suis efforcée d’exprimer dans mon témoignage :
« Je suis sûr que pour certains d’entre vous, des expressions comme " ne pas ménager sa vie " et " consacrer sa vie au bouddhisme " prônent une forme de sacrifice de soi, d’auto-immolation tragique. Mais l’état d’esprit qui sous-tend la dévotion dont je parle est radicalement différent. C’est un état de tranquillité et de paix totale, débordant de confiance en soi, il s’agit d’un état totalement exempt de peur. C’est un sentiment aussi vaste et serein qu’un ciel bleu dégagé, une plénitude d’espoir, de joie et une satisfaction totale.
« Se consacrer à la Loi merveilleuse[4] signifie briser son soi inférieur, le petit ego qui a été influencé et ballotté par toutes sortes de besoins et désirs mesquins, égoïstes. Cela veut dire revenir à son grand soi, le soi qui ne fait qu’un avec l’univers, qui est aussi vaste que le cosmos. Lorsque vous y parviendrez, vous rayonnerez de votre plein potentiel en tant qu’être humain. Le processus qui y conduit s’appelle la révolution humaine. »[5]
Publié en novembre 2024 ère nouvelle
[1] Le 16 mars, aussi connu sous le nom de « Jour de kosen rufu », est une date symbolique pour les pratiquants de la SGI. Elle commémore le 16 mars 1958, date à laquelle Josei Toda, 2e président de la Soka Gakkai, a prononcé un discours passionné devant 6 000 jeunes en leur confiant l’avenir de l’organisation et de son action pour contribuer à la construction d’un monde de paix, ainsi que la responsabilité de promouvoir une meilleure compréhension de la philosophie humaniste du bouddhisme de Nichiren Daishonin.
[2] Le 3 juillet 1945, le 2e président de la Soka Gakkai, Josei Toda, a été libéré de prison après avoir été détenu avec son mentor, Tsunesaburo Makiguchi, en raison de leur refus de se soumettre au régime militariste du Japon pendant la guerre. À sa libération, il fait le serment de rebâtir la Soka Gakkai et d’accomplir kosen rufu en partageant le même esprit que son mentor Tsunesaburo Makiguchi, mort en prison en novembre 1944. Ce même jour, 12 ans plus tard, en 1957, le président de la SGI, Daisaku Ikeda, est arrêté sous de fausses allégations de fraude électorale. En 1962, il est totalement innocenté. Le 3 juillet est ainsi devenu le symbole du jour où les authentiques disciples se dressent résolument pour la justice et renouvellent leur engagement à lutter pour la vérité dans le même esprit que leur mentor.
[3] Cérémonie dans les airs : l’une des trois assemblées décrites dans le Sûtra du Lotus, au cours de laquelle les participants sont suspendus dans les airs, au-dessus du monde saha. Elle se déroule du 11e chapitre «â€¯Apparition de la Tour aux Trésors » au 22e chapitre «â€¯Transmission ». Le cœur de la cérémonie est la révélation de l’éveil originel du Bouddha dans un lointain passé et la transmission de l’essence du Sûtra aux bodhisattvas surgis de la Terre, sous la conduite du bodhisattva Pratiques-Supérieures. La Cérémonie dans les airs ne constitue pas un événement historique, mais peut être considérée comme une métaphore de l’émergence de notre bouddhéité inhérente, le potentiel que possède chaque individu de faire surgir la compassion, le courage et la sagesse suprêmes.
[4] Loi merveilleuse : la Vérité ultime de la vie et de l’univers, la Loi de Nam-myoho-renge-kyo.
[5] Adaptation de la traduction, La nouvelle révolution humaine, Vol. 6, p. 312-313.