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Devenir une « Grande montagne »

August 17, 2022

Par Raashi Ahluwalia

À l’âge de vingt-trois ans, au moment où je terminais mes études en droit, l’emploi de mes rêves me semblait inatteignable et ma relation amoureuse, qui avait duré plusieurs années, venait de se terminer brutalement. C’est alors qu’une précieuse amie de Chandigah, en Inde, m’a présenté le bouddhisme de Nichiren Daishonin. J’ai commencé à le pratiquer et je me suis rapidement sentie comme un poisson dans l’eau. Réciter Nam-myoho-renge-kyo* m’a amenée à croire en moi comme jamais auparavant. Progressivement, je me suis retrouvée à nouveau, et c’est ainsi que le travail, de même que le compagnon que j’attendais, sont apparus naturellement dans ma vie. Mon nouveau conjoint et moi sommes tombés amoureux, nous nous sommes mariés et avons vécu sept ans ensemble à Mumbai, la plateforme commerciale de l’Inde. Je travaillais alors en tant qu’avocate dans une agence de divertissement. Durant cette période, j’ai énormément appris sur moi-même. J’ai approfondi ma compréhension de la pratique bouddhique, j’ai reçu le Gohonzon* et j’ai délibérément choisi Daisaku Ikeda[i] comme mentor. J’ai aussi accepté des responsabilités au sein de la Bharat Soka Gakkai (BSG), l’organisation de la SGI en Inde. En me fondant sincèrement sur la foi, la pratique et l’étude, j’ai pu accroître de façon considérable mon rendement au travail, et je suis ainsi devenue la plus jeune avocate de l’agence à conseiller divers groupes commerciaux situés dans le Sud-Est de l’Asie. 

Mon conjoint, Suvikram, est un cinéaste passionné et doté d’une grande sensibilité. Toutefois, bien qu’il travaillait avec acharnement, ses relations d’affaires étaient teintées d’instabilité. À ce moment-là, la seule chose pouvant constituer un frein à notre bonheur semblait être cette incertitude financière. Nous avons continué d’attendre que sa carrière amorce son ascension, à l’instar de l’aube qui se lève. Or, la nuit s’est obscurcie davantage lorsque mon mari est devenu victime d’intimidation de la part de celui qu’il considérait comme son mentor professionnel, et qui était cinéaste comme lui. Je ne pouvais pas mesurer l’intensité de sa souffrance, et il m’arrivait souvent de douter de lui, voire de le juger. Je me souviens de m’être mise à hurler devant mon Gohonzon tant je me sentais impuissante. Même si en apparence rien ne semblait différent, quelque chose avait assurément changé entre nous. Je me suis alors tournée vers les pratiquants de la SGI qui m’ont aidée à développer une attitude correcte dans la foi.

Mon attention s’est ensuite portée sur le chapitre « Grande montagne » du volume 30 de La nouvelle révolution humaine, et j’ai été particulièrement touchée par ces mots de M. Tsunesaburo Makiguchi rapportés par Daisaku Ikeda:

« Bien qu’un dicton affirme que la poussière une fois accumulée devient une montagne, il n’existe en réalité aucune montagne qui soit le résultat de l’accumulation de poussière. Les véritables montagnes émergent suite à des changements soudains et spectaculaires au niveau de la croûte terrestre. »[ii] 

Le président Ikeda explique ce concept ainsi :

« Si nous devons lutter, faisons en sorte que ce soit une lutte monumentale. Remportons une victoire détonante, une victoire écrasante. »[iii]

Immédiatement après avoir lu ces mots, j’ai pris la détermination de devenir une « Grande montagne » en transformant radicalement ma vie. Le Daimoku* m’a incitée à effectuer une introspection honnête, et c’est ainsi que ma profonde arrogance, mon manque de compassion et mon égoïsme ont fait office de carburant pour faciliter le développement chez moi d’un sentiment de gratitude authentique. 

Raashi et son mari, Suvikram.

Nichiren Daishonin a écrit :

« Plus l’or est chauffé par les flammes, plus brillante est sa couleur ; plus un sabre est aiguisé, plus il devient tranchant. Et plus quelqu’un loue les bienfaits du Sûtra du Lotus, plus ses bienfaits s’accroissent. Gardez à l’esprit que les vingt-huit chapitres du Sûtra du Lotus ne contiennent que quelques passages élucidant la vérité, mais qu’on y trouve un grand nombre de paroles de louanges. »[iv] 

La récitation de Nam-myoho-renge-kyo m’a donc aidée à apprécier mon conjoint tel qu’il est, humble et tenace. J’ai commencé à reconnaitre ses qualités et, malgré la fragilité de nos finances, nous n’avons jamais été à court d’argent. Je me suis rendu compte que Suvikram était le catalyseur de ma révolution humaine et la colonne vertébrale de ma pratique bouddhique. Grâce à ce changement d’attitude, j’ai senti que ma prière s’harmonisait totalement avec l’univers, et nous avons ainsi éprouvé l’un envers l’autre un nouvel élan d’amour comparable aux fraîches gouttes de rosée qui se déposent sur l’herbe les matins d’hiver en Inde. C’est dans la joie que nous avons pris la décision d’opérer un changement radical en déménageant au Canada, inspirés par notre vœu profond de devenir des citoyens du monde.

 Ikeda décrit les citoyens du monde comme étant

« des personnes pouvant distinguer les liens d’interdépendance qui unissent toute vie, des personnes qui possèdent le courage de respecter les différences de cultures et qui sont capables d’empathie envers celles et ceux qui souffrent, même loin de chez eux.»[v]

À l’automne de 2019, nous sommes arrivés en Colombie-Britannique, le nouveau lieu de notre mission. La ville multiculturelle de Vancouver-Nord est devenue notre nouveau foyer, et le district de Lynn Valley, notre nouvelle famille SGI. Mon cœur débordait de gratitude d’avoir pu accumuler autant d’expériences diverses et de pouvoir les partager. Même si j’ai nourri certains doutes et quelques craintes en réalisant que mon conjoint et moi devions repartir de zéro dans nos carrières, je voyais cela comme une occasion de démontrer le pouvoir de la Loi merveilleuse. Les lignes directrices offertes par le président Ikeda aux membres canadiens lors de sa visite au Canada en 1993, que l’on connaît sous le nom de « Déclaration de Vancouver », m’ont servi de boussole et indiqué la voie à suivre : 

« Une vie faite d’efforts sincères et diligents est magnifique.

Une vie régie par la générosité et le calme intérieur est vraiment riche.

Une vie débordante d’optimisme et de bonne humeur est solide.

Une vie marquée par l’harmonie et l’amitié est brillante.

Une vie garante de fierté et du respect de soi est véritablement noble» 

Alors qu’il était sur le point d’abandonner son rêve de devenir cinéaste, mon mari a rassemblé tout son courage et envoyé sa candidature pour faire partie de la Guilde internationale des cinéastes. Et il a été retenu! Au cours de cette même période, il est devenu membre de la SGI du Canada. Il récite Nam-myoho-renge-kyo  dès que son cœur en ressent le besoin, et il a pu tisser de magnifiques liens d’amitié et de confiance au sein de l’industrie du cinéma canadien. Son développement, tant sur le plan spirituel que créatif, m’encourage à prier moi-même encore plus afin que nous puissions devenir, financièrement, des piliers solides pour l’ensemble de notre famille. 

Suvikram poursuit pleinement sa mission en utilisant le cinéma comme un outil pour transmettre d’émouvants récits d’espoir. Quant à moi, relancer ma propre carrière en tant qu’avocate au Canada est loin d’avoir été facile. J’ai échoué à mon premier examen d’équivalence et raté plusieurs entrevues. Cela m’a rendue amère vis-à-vis de ma profession. Malgré mes nombreux Daimoku, je ne progressais pas et je n’arrivais pas à parvenir au stade où ma prière serait suffisamment puissante pour   que je puisse transformer la situation. Durant cette phase difficile, le Groupe des jeunes femmes m’a soutenue lors d’une série de démarches sincères et solidaires qui visaient à nous encourager mutuellement. Durant la pandémie de Covid-19, nous avons également appris à cultiver nos liens d’amitié à travers les diverses plateformes virtuelles. Mon Daimoku est alors redevenu joyeux, et ma vie a commencé à s’épanouir. 

Je me suis mise à considérer les barrières que je rencontrais dans ma profession juridique comme autant de tremplins bénéfiques qui me permettaient de faire ma révolution humaine. Réciter Nam-myoho-renge-kyo m’a permis de vivre ma passion pour la justice réparatrice en mettant ma voix au service des gens vulnérables afin de les protéger. On m’a donné la possibilité de prêter main forte à la cour criminelle, située dans le secteur est du centre-ville de Vancouver, afin de soutenir des clients qui présentaient des signes de toxicomanie ou de maladies mentales. À présent, je consacre chacune de mes journées à améliorer la vie des enfants, des jeunes et des familles autochtones et non-autochtones, en agissant comme agent de liaison entre le gouvernement provincial et les municipalités. 

La responsable honoraire du Groupe des femmes de la SGI, Mme Kaneko Ikeda, a écrit :

«  Néanmoins, mon mari et moi n'avons pas oublié d’où nous sommes partis, et quel que soit le chemin parcouru, nous n'avons jamais perdu de vue nos objectifs communs. Afin de préserver l'enthousiasme de notre jeunesse tout au long de notre vie, nous avons découvert que l'encouragement mutuel est essentiel. Nous sommes tous deux des humains et tout être humain a besoin d'encouragement pour s'épanouir. »[vi] 

Quand je m’imagine vieillir aux côtés de mon conjoint, je tente de m’inspirer du couple que forment le président Ikeda et son épouse, Mme Kaneko Ikeda. Les encouragements mutuels forment les fondements de notre mariage. En définitive, lorsque je réfléchis et que je jette un  regard sur le passé, c’est comme si notre existence s’était harmonisée sur les plans spirituel, marital et professionnel, telle une danse subtile et inextricablement liée au son de Nam-myoho-renge-kyo. Ce chemin parcouru visait, depuis le départ, à éveiller le potentiel suprême de nos vies respectives et de notre existence commune. La transformation de notre karma découle directement de la manifestation de notre nature innée de bouddha. En conservant le vœu de réaliser kosen rufu* au Canada dans mon cœur, je suis résolue à devenir une amie et une avocate qui incarne les valeurs bouddhiques. Ma mission est de contribuer au bonheur de mon mari, de ma famille, de mes ami (e)s, de ma communauté, de ma mère patrie, de mon nouveau pays et du monde en général, dans une quête éternelle de justice et d’égalité. Par ma propre révolution humaine, jour après jour, je deviendrai une « Grande montagne » et j’encouragerai également les autres à le devenir à leur tour. 

 

Publié en février 2022 ère nouvelle­­­­­­­­­­­­­­­­­­  

* Consulter le glossaire en troisième de couverture.

 

[i] Actuel président de la Soka Gakkai Internationale (SGI).

[ii] Traduction libre. « Remporter chaque jour la victoire ». Titre d’un essai de Daisaku Ikeda, extrait d’une série intitulée « Réflexions sur la nouvelle révolution humaine ».

[iii] Traduction libre. Ibid.

[iv] Les écrits de Nichiren, « Les bienfaits du Sûtra du Lotus », p. 678. 

[v] Dialogues avec la jeunesse, Tome 1, p. 118. 

[vi] Traduction libre. IKEDA, Kaneko, La force du sourire, p. 59.