Did you know that your version of Internet Explorer is out of date?
To get the best possible experience using our website we recommend downloading one of the browsers below.

Internet Explorer 10, Firefox, Chrome, or Safari.

Invincible dans la vie comme dans la mort

July 17, 2025

 

 

Par Bonnie Reynolds  

Jour après jour, je vis des expériences qui démontrent l’effet merveilleux et le pouvoir de transformation de la récitation de Nam-myoho-renge-kyo, et cette pratique occupe une place aussi centrale que sacrée dans mon cœur. Je me souviens très bien que ma mère nous emmenait, enfants, aux réunions où je l’écoutais prier alors qu’elle faisait face à de nombreuses difficultés. Même si c’était souvent très difficile pour elle de tous nous réunir pour le départ, elle n’a jamais abandonné. Grâce à ses efforts soutenus, les liens familiaux que nous avons développés sont solides, harmonieux et empreints de confiance. Les responsables de notre district étaient eux aussi considérés comme des membres de la famille. J’ai d’ailleurs organisé des fêtes d’anniversaire chez eux, car ils brillaient du véritable « esprit Soka »[1] incarné par leur infinie compassion et leur gentillesse envers nous tous. 

Une image me revient de l’époque de mes neuf ans. Ma mère avait téléphoné pour m’avertir que ma petite sœur, Sonja, se trouvait à l’hôpital à cause d’une grave entaille à la paume, et qu’elle risquait de perdre l’usage de sa main en raison de lésions au niveau des nerfs. Elle m’avait alors encouragée à réciter Daimoku pour ma sœur. Comme j’étais une enfant très anxieuse — je le suis encore aujourd’hui à certains égards — cela m’avait vraiment bouleversée. J’étais rongée par l’inquiétude, et je ne voyais pas d’autre issue que d’invoquer Nam-myoho-renge-kyo comme ma mère me l’avait conseillé. J’ai prié pour que la main de Sonja guérisse, tout en étant incapable de cesser de pleurer. Puis, la tension que je ressentais s’est relâchée, je me suis sentie devenir calme, sereine et confiante en pensant que, quoi qu’il arrive, tout finirait par s’arranger. L’action de réciter Nam-myoho-renge-kyo m’a fait tellement de bien, que j’ai continué à prier pendant deux heures. Finalement, la main de Sonja s’est complètement rétablie et, miraculeusement, elle n’a pas souffert de lésions nerveuses permanentes. 

Je suis reconnaissante envers mon père qui m’a enseigné le Gongyo alors que j’avais treize ans. À cette époque, quand les gens faisaient Gongyo, je m’asseyais discrètement près d’eux et je récitais les passages que je connaissais. Puis un jour, à ma grande surprise, mon père m’a demandé de diriger la séance. Après m’avoir fourni un livret de prière, il m’a accompagnée patiemment tandis que je peinais à le lire, en m’indiquant à quels moments et de quelle manière je devais faire retentir le gong. À cet âge-là, j’avais très peu confiance en moi et, quand je prenais la parole, le son qui sortait de ma bouche ressemblait davantage à un petit cri. J’étais terrifiée par l’école à cause de mon peu d’estime personnelle, et très nerveuse à l’idée de devoir m’exprimer devant les autres, car je doutais beaucoup de moi. Malgré cela, ma récitation de Daimoku et les encouragements bienveillants de mon père se sont révélés déterminants pour me permettre d’apprécier le pouvoir de ma voix. J’ai commencé à réciter Gongyo plus régulièrement et je me suis aperçue qu’invariablement, au bout de quelques minutes, les nuages qui obscurcissaient mon esprit se dissipaient et qu’une sensation de joie emplissait ma poitrine. 

Le 1er mai 2016, mon frère Justin a été victime d’un arrêt cardiaque. Il venait de courir un semi-marathon en compagnie de ma tante, Cathy, de ma sœur, Heather, et de moi-même quand, à 200 mètres de la ligne d’arrivée, il s’est complètement effondré. Je me souviens qu’au moment de prendre le virage avant la dernière ligne droite, j’ai vu plusieurs personnes encercler quelqu’un par terre et l’une d’entre elles lui prodiguer un massage cardiaque. En passant à côté d’eux, je me suis sentie comme dans un rêve. Je me suis retournée et j’ai vu mon frère allongé sur le sol, le corps tout bleu. Je me rappelle m’être arrêtée brusquement en criant son nom puis, l’un des membres de l’équipe médicale m’a entrainée à l’écart en me disant que tout irait bien, que je ferais mieux de marcher jusqu’à la ligne d’arrivée pour y attendre ma famille. Deux heures plus tard, ils avaient réussi à faire repartir le cœur de Justin grâce à un massage cardiaque. On nous a dit qu’il était dans le coma, mais qu’il se réveillerait dans les vingt-quatre ou quarante-huit heures. Malheureusement, quelques jours plus tard, le terrible verdict est tombé : le massage cardiaque avait été insuffisant. Le cerveau de mon frère n’avait ni reçu suffisamment d’oxygène ni assez rapidement et, de ce fait, il ne sortirait plus du coma. 

Il mesurait 1,95 m et, comme il venait de courir 21 kilomètres sous un soleil de plomb, son sang avait épaissi à cause de la déshydratation. En définitive, tous ces facteurs combinés avaient contribué à faire échouer le massage cardiaque. Je conserve un vif souvenir du moment où ma famille et moi avons appris la nouvelle, tandis que nous attendions dans une salle de conférence. Ma réalité s’est alors dérobée sous mes pieds. Soudainement, tout a été balayé et, en proie au chagrin, je me suis retrouvée confrontée à la dure réalité de la mort qui est inhérente à la vie. À ce moment-là, toute ma famille s’est rassemblée autour du lit de Justin, qui gisait dans le coma, pour réciter Nam-myoho-renge-kyo durant des heures. Par la suite, nous avons continué de prier jour et nuit, sans interruption, pendant les huit jours qui ont suivi. Je me souviens d’avoir observé les aiguilles de l’horloge en comptant les heures qui s’écoulaient. Ma voix commençait à s’enrouer, mais ce n’est que lorsque la fatigue nous faisait vaciller sur nos chaises que nous nous arrêtions. La nuit, nous nous relayions pour réciter au chevet de mon frère. Durant nos prières, la présence de Justin dans la pièce était palpable, et nous avons été témoins d’un changement prodigieux dans son apparence. Les premiers jours, il avait grise mine et n’allait pas bien mais, au fur et à mesure que nous récitions Daimoku, son teint s’est mis à rosir. Je me rappelle aussi qu’il semblait enveloppé d’un halo doré. Il avait l’air détendu et heureux. J’ai eu la certitude qu’il était conscient de ce qui se passait autour de lui et comprenait ce que nous étions en train de vivre. 

De gauche à droite : Andrew Foster (ami), Bonnie, Justin (frère)
et Jim (père) devant le Centre culturel de Vancouver.
  

À toute heure du jour, des pratiquants de la SGI venaient nous soutenir en apportant de la nourriture, des fleurs et des mots d’encouragement. Un nombre incalculable d’amis, de proches, de collègues et d’anciens professeurs de Justin sont également passés avec des provisions. Bien que n’étant pas bouddhistes, ils ont sincèrement récité Nam-myoho-renge-kyo avec nous au chevet de mon frère. Une de ces personnes a même allégué que Justin était devenu un bouddha, car il avait conduit des gens sur la voie du bouddhisme, voire vers l’état de bouddha, alors qu’il était confronté à la mort. Cela reflète bien l’orientation suivante de M. Ikeda :

« Souvenez-vous que, du point de vue de l’éternité de la vie, nous sommes “ bouddhas dans la vie ” et “ bouddhas dans la mort. ” »[2] 

J’ai entendu une infirmière mentionner qu’elle n’avait jamais vu autant de force et d’espoir au cours de toutes ses années passées aux soins intensifs. Malgré notre immense tristesse, une impression de profonde signification teintée d’espoir régnait. Je cite à nouveau Daisaku Ikeda :

« La perte d’un être cher nous amène à accroître notre compréhension de la vie. Tout le monde redoute la mort et en éprouve du chagrin. C’est tout naturel. Cependant, lorsque nous luttons pour surmonter la souffrance et la peine qui en résultent, nous développons une conscience aiguë de la dignité de la vie et de son caractère précieux, de même que la compassion nécessaire pour considérer les souffrances d’autrui comme les nôtres. »[3] 

Justin étant éligible au don d’organes, une intervention chirurgicale était prévue dans la nuit du 10 mai. Nous avons récité Daimoku à ses côtés, jusqu’à minuit passé, en attendant que l’on nous avertisse qu’il était temps de l’emmener en salle d’opération. De façon mystique, juste avant l’arrivée du chirurgien, Justin m’a légèrement serré la main, alors qu’on nous avait informés que c’était physiquement impossible. J’ai dit à mon frère, Austin, le jumeau de Justin, ce qui venait de se passer. Il lui a pris la main lui aussi, et Justin l’a serrée à son tour. Ce moment s’est avéré symbolique, et nous avons clairement senti qu’il s’agissait d’un « au revoir » de sa part. Des larmes se sont mises à couler de ses yeux clos. Nous l’avons tous accompagné jusqu’à l’endroit où le personnel médical nous a invités à lui faire nos adieux. Nous l’avons serré dans nos bras et, lorsque je l’ai embrassé sur le front, j’ai constaté que sa peau brillait littéralement comme de l’or. Ce fut une expérience absolument marquante. Justin nous a quittés le 11 mai 2016. Je me suis interrogée sur ce qui adviendrait après notre départ de l’hôpital, mais les heures de Daimoku que nous avions récitées avaient installé dans ma vie un rythme immuable me poussant à aller de l’avant. 

Lorsque j’ai quitté les lieux ce jour-là, mon père m’a emmenée directement à une compétition d’athlétisme de mon école secondaire. J’en avais manqué plusieurs pendant que nous étions à l’hôpital, et je désirais vraiment participer à celle-ci. Je me suis donnée à fond dans les courses, même si je n’étais pas très en forme après le temps passé au chevet de Justin. En dépit de tout ce que nous avions traversé, mon père et moi étions imprégnés d’un tel dynamisme et d’une telle joie que nous n’avons pu nous empêcher d’évoquer notre pratique bouddhique avec les autres. Pendant la compétition, alors que je participais à une course, mon père a parlé de Nam-myoho-renge-kyo à mon entraîneuse et lui a présenté le livre Buddhism Day by Day[4]. En le prenant, mon entraîneuse s’est exclamée : « Ah, le bouddhisme ! C’est donc ça ! Voilà pourquoi, Bonnie et toi, vous dégagez une énergie aussi magnifique ! » Même si cela ne m’a pas semblé extraordinaire à ce moment-là, avec le recul, je suis abasourdie en repensant à ce que j’ai ressenti ce jour-là. Je venais de traverser l’épreuve la plus douloureuse de ma vie et pourtant, au lieu d’être abattue, j’étais investie d’une mission et remplie d’une énergie débordante. Je me sentais capable de relever tous les défis qui se présenteraient dans le futur. 

Daisaku Ikeda a écrit :

« Il n’y a pas de plus grande joie, ni de plus grande satisfaction ou fierté que celle qui découle de l’éveil à sa mission éternelle. »[5]

Quand nous étions à l’hôpital, un responsable aîné nous a informés qu’à la mort de Justin, une parcelle de ce dernier se retrouverait chez chacun de ses frères et sœurs. Je peux certifier que c’est tout à fait vrai. Justin possédait un esprit fort, et tout l’enthousiasmait. Son souhait le plus cher était que notre famille soit harmonieuse, et cela motivait bon nombre de ses actions. Aujourd’hui, l’énergie de mon frère m’inspire souvent et je réalise la grandeur de sa vision et de son intention. Son esprit continue d’être pour moi une source d’encouragement et de force. Une transformation intérieure s’est opérée en moi durant cette période. J’en suis venue à distinguer clairement le passé de l’avenir, qui je suis intrinsèquement et le sens profond de l’existence elle-même. Avant la mort de mon frère, je ne me rendais pas véritablement compte du potentiel de la récitation de Nam-myoho-renge-kyo pour transformer ma vie. Je voyais que cela améliorait mon humeur et m’apaisait, mais ce n’est qu’après avoir vécu une souffrance aussi intense que j’ai compris que les effets de la pratique bouddhique ne se font pas sentir à un niveau superficiel. Nam-myoho-renge-kyo a touché le noyau central de mon être, la base fondamentale de mon humanité, et a remplacé l’obscurité par une pure clarté. J’ai fait le vœu de ne jamais oublier ce que j’avais vu et appris. 

Le président Ikeda a également affirmé ceci :

« Quand nous chérissons dans notre cœur nos défunts qui sont maintenant dans la Terre pure du pic de l’Aigle et que nous perpétuons leur engagement, nous pouvons faire jaillir la force la plus sublime et la plus imbattable. »[6]

De gauche à droite : Ocea (sœur), Bonnie, Geronimo (conjoint),
Heather (sœur), Austin (frère) et Sonja (sœur). 

Après notre départ de l’hôpital, ma mère a pris la décision de réciter trois heures de Daimoku quotidiennement, ce qu’elle continue encore de faire aujourd’hui. Je ressens concrètement ses Daimoku dans ma vie. Le 3 août 2018, j’ai eu le privilège de recevoir le Gohonzon, et une responsable aînée de Victoria, est venue sur l’île de Salt Spring pour la cérémonie. À l’époque, je m’apprêtais à déménager en Ontario pour étudier à l’université. Elle m’a encouragée en me disant qu’elle espérait que je transmette Nam-myoho-renge-kyo à de nombreuses personnes et elle a ajouté : « Les jeunes sont l’espoir de l’avenir. » Ces paroles m’ont réellement marquée, car j’ai senti son souhait d’insuffler à ma vie le sens de la mission. J’ai aussi compris qu’il était primordial de ne pas devenir désinvolte en croyant que certaines choses n’ont pas franchement d’importance. En réalité, il y a une raison absolue à notre existence sur Terre. 

Je me considère extrêmement chanceuse d’avoir rencontré ma meilleure amie, Minah, et mon conjoint, Geronimo, en cette vie-ci. Ces deux personnes, qui sont mes piliers, m’ont enseigné l’ouverture du cœur. Je suis également reconnaissante envers ma famille biologique et ma « deuxième famille », c’est-à-dire tous les membres de la SGI qui m’ont appris ce que signifie le fait d’emprunter la voie de la véritable bienveillance. À l’avenir, j’aspire à augmenter ma compréhension de l’humanisme bouddhique afin d’appliquer la philosophie Soka à mes études en sciences politiques et en russe afin d’œuvrer en faveur de la paix dans le monde. 

En somme, je m’efforcerai de vivre en accord avec les paroles de mon mentor, Daisaku Ikeda, qui a écrit : « Rien n’est insignifiant. Quel que puisse être le karma d’une personne, il revêt à coup sûr une signification profonde. Il ne s’agit pas d’une simple question de perspective. Changer le monde commence par un changement de notre état d’esprit fondamental. Il s’agit là d’un principe clé du bouddhisme. La forte détermination de transformer même le karma négatif en mission peut métamorphoser radicalement la réalité. »[7]

Publié en novembre 2024 ère nouvelle  

 

[1] Esprit Soka : terme utilisé pour décrire l’esprit courageux de ne jamais abandonner, basé sur le même vœu que notre mentor d’œuvrer en faveur de la paix et du bonheur de l’humanité.

[2] La sagesse pour créer le bonheur et la paix, partie 1 : « Le bonheur », chapitre 8 : « Affronter la maladie », sous-chapitre 8.8 : « Rire du démon de la maladie ».

[3] Traduction libre de l’anglais, non disponible en français, https://www.daisakuikeda.org/sub/quotations/theme/life-death.htmld

[4] Traduction libre : Le bouddhisme jour après jour, non disponible en français.

[5] La sagesse pour créer le bonheur et la paix, partie 2 : « La révolution humaine », chapitre 12 : « Transformer le karma en mission », sous-chapitre 12.2 : « Accomplir notre vœu en tant que bodhisattvas surgis de la Terre ».

[6] ère nouvelle, mai 2023, p. 2.

[7] La sagesse pour créer le bonheur et la paix, partie 2 : « La révolution humaine », chapitre 12 : « Transformer le karma en mission », sous-chapitre 12.4 : « Tout karma revêt un sens profond ».