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Entrer dans l'oeil du cylone

octobre

Publié dans le numéro d’octobre du magazine SOKA  

Nous connaissons tous des difficultés et des souffrances au cours de notre existence et parfois, ces expériences changent notre vie. Cette expérience concerne un de ces moments qui transforment la vie.

C’est une proche amie avec qui j’étais allée à l’école qui m’a fait découvrir le bouddhisme de Nichiren en 1974. Après avoir assisté à ma première réunion bouddhiste, je décidais d’essayer de pratiquer pendant trois mois. Ce qui me paraissait plus logique que tout et qui a fait que je me suis vraiment attachée à cette philosophie, c’est la lecture des conférences du président de la SGI Daisaku Ikeda sur les dix états[1], sur la vie et la mort, et sur bien d’autres sujets encore. Ce qu’il disait faisait écho à ce que je croyais être vrai. C’était logique et, enfin, j’avais trouvé quelque chose que je ne savais même pas que je cherchais jusqu’au moment où je l’ai trouvé.

J’ai parlé à mes parents de ma pratique bouddhique et je leur ai demandé si je pouvais enchâsser le Gohonzon dans ma chambre. Ils ont accepté, car ils remarquaient qu’il se passait quelque chose de très positif dans ma vie. Mes parents m’ont beaucoup soutenue dans ma pratique et mon père m’a aidée à fabriquer un autel pour le Gohonzon, quand bien même il n’avait pas la moindre idée de quoi je parlais ou de comment on allait le fabriquer. Mais ensemble, nous en avons créé un qui était parfait pour moi. 

En 1983, je me suis mariée et j’ai eu deux enfants. Ma belle-mère est venue s’installer avec nous. Je travaillais, tout en participant à des activités bouddhiques et familiales. Puis, quelque chose a commencé à changer. Mon mari a commencé à disparaître et, avec lui, de l’argent sur notre compte commun. Je n’oublierai jamais ce jour de septembre 1999 où, sur le point de payer mon épicerie au magasin, j’ai découvert qu’il n’y avait pas d’argent sur notre compte. J’étais effondrée, car je venais tout juste de déposer mon chèque à la banque.

Mon mari s’était fait un nouvel ami et, ensemble, ils se droguaient et encaissaient de faux chèques sur notre compte. Je m’étais aperçue avant qu’il manquait de l’argent, mais il s’agissait de petites sommes ici et là, et il avait toujours une excuse pour ces dépenses.  

Une tempête couvait et je le sentais. Je savais que l’année 2000 serait difficile. J’ai commencé à davantage réciter Nam-myoho-renge-kyo parce que je savais que je devais me préparer à ce qui allait arriver, sans avoir la moindre idée de ce qui m’attendait.

L’année 2000 était à peine entamée que les difficultés ont commencé. Nous avons reçu un appel de quelqu’un qui menaçait la vie de mon fils. S’il y a quelqu’un au monde qui ne devrait pas avoir d’ennemi, c’est bien mon fils. C’était un athlète, un mentor et un instructeur auprès des jeunes enfants dans le monde de la BMX. Il ne pensait qu’à une chose : enfourcher son vélo. Il ne touchait ni à l’alcool ni à la drogue.

Trois jours plus tard, c’était mon anniversaire. Nous sommes allés au restaurant et en rentrant, nous avons trouvé la maison mise à sac. On nous avait cambriolés. Les vélos de prix de mon fils avaient disparu, ainsi que des articles ménagers. J’ai vu la vie de mon fils sombrer et disparaître devant moi, et devant ce spectacle, j’ai senti ma propre vie se vider. C’est trop difficile de voir souffrir ses enfants. Heureusement, même si les polices d’assurance couvrent rarement les vélos haut de gamme, la nôtre couvrait les siens et bien plus encore. Les seules pièces intactes de la maison étaient celle où est installé mon Gohonzon et la chambre de ma fille. Elle est le seul autre membre de ma famille à avoir pratiqué.

Peu après, on diagnostiquait à ma belle-mère un cancer des os. Mon mari a commencé à la voler elle aussi. Il devenait plus violent et instable. Nous ne savions jamais quand il allait se mettre en colère et dans quel mur il allait donner un autre coup de poing, ou même si nous allions survivre. Avec ma belle-mère qui était gravement malade, je savais que si je quittais mon mari à ce moment-là, elle serait incapable de faire face. J’ai récité Nam-myoho-renge-kyo et attendu que le bon moment se présente.

Tous les matins, je me levais à 4 heures pour pratiquer pendant deux heures avant de me préparer pour aller au travail, de réveiller les enfants et de faire le petit-déjeuner.

Au printemps, le médecin a découvert une masse dans mon sein. Ma mère avait huit sœurs, et toutes ont eu le cancer du sein. Je n’ai donc pas été surprise, mais j’ai pleuré sur le moment. J’avais l’impression de me trouver au milieu d’un champ de bataille. Une partie de moi aurait voulu se trouver dans un havre de paix, sans inquiétudes ni soucis. Mais j’ai continué à pratiquer. Je ne pouvais pas partir, car ma belle-mère avait besoin de moi. Je me demandais ce qui allait arriver à mes enfants si j’avais le cancer. Qui subviendrait aux besoins de ma famille? Et mes amis pratiquants de la SGI? J’ai pris le volume des écrits de Nichiren Daishonin qui s’est ouvert sur mes genoux à la page d’une lettre intitulée « Un bateau pour traverser l’océan des souffrances ». En la lisant, j’ai été encouragée à pratiquer non seulement pour ma famille, mais aussi pour les autres membres de la SGI. Tout à coup, il n’y a plus eu de pleurs.

Avec chaque Daimoku[2], j’avais l’impression de résister à un vent violent. Je me suis dit que c’était ma tempête, mon karma, que je devais traverser cet océan de souffrances, qu’il le fallait pour que je puisse aider d’autres personnes. Plus je pratiquais avec détermination, plus le vent forcissait, jusqu’à ce que pour finir, j’entre dans l’œil du cyclone. Tout y était calme. Je me sentais en paix, enfin. Je voyais clairement ce que je devais faire. C’était presque comme si je pouvais voir l’avenir. Je savais tout simplement que tout irait bien du moment que je continuais de réciter Nam-myoho-renge-kyo et de suivre mon intuition. Je me suis demandé ce qui serait arrivé si je n’avais pas eu cette pratique ou si j’avais été incapable de faire Daimoku. J’étais submergée de joie et habitée d’un sentiment infini d’appréciation. Je me sentais tellement heureuse! Je n’avais jamais ressenti ce genre de bonheur auparavant. Ma situation avait peut-être l’air d’un champ de bataille, mais ce n’est certainement pas ainsi que je voyais ma vie. Personnellement, j’avais l’impression d’être au printemps, de vivre un instant dans l’instant en pratiquant. Je n’oublierai jamais ce sentiment et il ne m’a jamais quittée.

On m’a fait une biopsie et la masse n’était pas cancéreuse. Les menaces contre mon fils ont cessé. Mon mari s’est calmé, même s’il a continué de se droguer. J’ai pu aller pour la première fois participer à un séminaire au Centre de la SGI du Canada à Caledon et apprécier le merveilleux cadeau que mon mentor, M. Ikeda, nous a fait.  

Au printemps 2001, ma belle-mère est décédée. Du plus profond de ma vie est monté du courage, ou peut-être était-ce de l’amour, mais j’ai réussi à forcer la vente de la maison et à dire à mon mari qu’il ne pouvait plus vivre avec nous parce qu’il devait d’abord reprendre sa vie en main et que cela, il ne pouvait le faire que seul. Quand tout a été dit et fait, je suis partie avec mes enfants et 500 dollars en poche. Nous avons trouvé l’endroit parfait où vivre et nous accueillions des réunions bouddhiques en paix. 

Un nouveau chapitre de ma vie s’est ouvert. Je n’ai pas une connaissance approfondie des écrits de Nichiren ni ne saurais les enseigner, mais il écrit ceci : « Celui qui écoute ne serait-ce qu’une phrase de ce sûtra et la grave au fond de son cœur est comme un bateau traversant l’océan des naissances et des morts. » (Les écrits de Nichiren Daishonin, vol. 1, p. 34). J’ai traversé l’océan des souffrances avec Daimoku et avec le soutien de ma famille de la SGI. Ce bateau est assurément merveilleux et je le garderai en parfait état, prêt à naviguer, en cas de besoin. Les écrits de Nichiren nous parlent de nos vies, et j’aime beaucoup écouter quelqu’un qui nous les explique. Je ne me souviens sans doute pas de tout, mais ma vie s’en souvient certainement.

Je ne sais pas combien de temps il me reste, mais je suis déterminée à continuer de travailler pour kosen rufu[3] aussi longtemps que je le pourrai. Rétrospectivement, je me rends compte que tout arrive pour une raison et que tout ce qui arrive nous aide à progresser. Tout est question d’état de vie et dépend de la façon dont on affronte les difficultés. Ce dont je m’aperçois aussi, c’est que tout ce que j’ai fait m’a conduite ici aujourd’hui. En 2030, année qui marquera le 100e anniversaire de la Soka Gakkai, j’approcherai 80 ans. Je veux voir un centre culturel à Surrey. Ce n’est pas juste un rêve ou une détermination. C’est quelque chose qui arrivera et je ferai en sorte que cela arrive!

Quant à mon mari, il est décédé en 2010, apparemment d’une crise cardiaque. Les ambulanciers ont dit qu’il semblait être mort paisiblement dans son sommeil. Heureusement, il avait repris sa vie en main avant de mourir. Au lieu de juste « prendre », il avait commencé à « redonner » en faisant du bénévolat et en aidant des personnes qui en avaient besoin. Il avait aussi renoué de très bonnes relations avec ses enfants. Mon mari et moi, nous ne nous sommes jamais remis ensemble, mais nous sommes devenus amis et alliés pour le bonheur de nos enfants. Quand j’ai demandé à mes enfants ce que leur père leur avait laissé d’après eux, ils m’ont répondu que c’était l’amour et la générosité. Quelle victoire nous avons tous partagée, et à bien plus d’égards que nous ne l’aurions jamais imaginé.   

Marilyn Clarke vit à Surrey, en Colombie-Britannique. Elle a deux grands enfants, Tyler et April, et un petit-fils, Collins. Elle est responsable des femmes de la Région de l’Ouest pour la SGI du Canada.  

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[1] Dix états : Les dix états sont les dix états de vie : l’enfer, l’avidité, l’animalité, la colère, l’humanité, le bonheur temporaire, l’étude, l’éveil pour soi, l’état de bodhisattva et l’état de bouddha. Aucun des dix états qui apparaissent dans nos vies à tout moment ne reste fixe ou constant. Ils changent d’un instant à l’autre. La compréhension bouddhique profonde de cette nature dynamique de la vie est exprimée dans le principe de la possession mutuelle des dix états. On entend par là que chacun des dix états possède en lui-même le potentiel de tous les autres.

[2] Daimoku : Récitation de Nam-myoho-renge-kyo dans les enseignements de Nichiren Daishonin.

[3] Kosen rufu : Littéralement, cela signifie « enseigner et transmettre largement » [Sûtra du Lotus]; assurer une paix et un bonheur durable pour toute l’humanité par la propagation du bouddhisme de Nichiren. Plus généralement, kosen rufu renvoie au processus d’adoption des idéaux humanistes du bouddhisme de Nichiren dans la société.